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0139919/02/1925POITIERS

LA FERMETURE DES MAGASINS

Nous avons reçu la lettre suivante :

Monsieur le Directeur,

L’« Avenir de la Vienne » du 29 janvier, sous le titre « les droits du petit commerce » a publié une lettre ouverte de M. Rasquier à M. le Président du Conseil, qui est une violente critique de la fermeture imposée le dimanche à plusieurs professions commerciales en notre ville.

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Celui-ci n’y va pas par quatre chemins ; ce qu’il critique ce n’est pas l’arrêté préfectoral, c’est la loi même qui permet la fermeture le dimanche d’une profession commerciale lorsque les syndicats de patrons et les syndicats d’employés se sont mis d’accord sur le repos hebdomadaire à accorder à leur personnel.

M. Rasquier voit dans cette obligation un attentat contre la liberté individuelle, contre le droit du travail. Empêcher le petit commerçant qui travaille, soit seul, soit en famille, de laisser son magasin ouvert le dimanche, et limiter ainsi son travail en même temps que son gain, cela paraît à M. Rasquier, et il le dit en propres termes, tout simplement monstrueux.

Tout n’est pas faux dans l’opinion de M. Rasquier, mais elle s’appliquerait bien mieux encore à d’autres réglementations qu’à celle contre laquelle il s’élève aujourd’hui.

Le repos du dimanche est aussi souhaitable pour le patron que pour l’employé quand il est appliqué par tous les mêmes genres de commerce, le chiffre d’affaires n’en souffre nullement, et est-il souhaitable que par la volonté d’un patron les autres se trouvent obligés à se priver du repos en famille et des promenades hygiéniques ? Ni y a t-il pas des cas où la liberté laissée à un seul est quelque chose qui ressemble à attentat contre la liberté de tous ?

Bien des réglementations assurément plus discutables que celle-ci ont été imposées ; pourquoi commencer contre elle la protestation et ne pas parler des autres certes plus dangereuses dans leurs conséquences. Ainsi l’ouvrier peut travailler plus de huit heures ; n’est-ce pas davantage monstrueux de ne pas laisser la liberté à celui-ci de faire des heures supplémentaires s’il le veut, la production souffre de cet état de chose bien davantage assurément que de retard de quelques affaires que le client traiterait le lendemain si les magasins se trouvent tous fermés le même jour.

En tout cas cette réglementation du repos hebdomadaire est loin de présenter pour les commerçants les mêmes inconvénients que les journées de huit heures, dont je suis partisan pour certaines professions, cause première indiscutable de l’augmentation de la vie et bien mieux cause initiale de la désertion des campagnes par l’attrait de ces courtes journées.

Tant qu’on n’aura pas repris le problème dans son ensemble, tant qu’on n’aura pas fait revenir le Parlement sur cet excès de réglementation des heures de travail, il me semble qu’il y a quelque exagération à venir élever des grandes protestations contre quelque chose de beaucoup plus modeste, ce repos de famille auquel, je le répète, la presque unanimité des petits commerçants tient autant que les employés.

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Maxime Grelaud
A la Samaritaine,
4, rue du Marché
Poitiers

 

le 29/05/2020 à 13:57

Source : L'Avenir de la Vienne

commerce, repos hebdomaire, patrons

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