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1407203/10/1989POITIERS

LA GROGNE ÉBRANLE « LA PIERRE LEVÉE »

Pas de perturbation, hier, au parloir de la prison de Poitiers. Mais les gardiens étaient à deux doigts de poser les clés

Assise devant son café, hier, en début d’après-midi, au rez-de-chaussée d’une maison de la rue du Faubourg-du-Pont-Neuf, Pamela semblait contente. Heureuse, en tous cas, de ne pas devoir attendre pendant une heure devant la maison d’arrêt de La Pierre-Levée, que les portes s'ouvrent afin qu’elle puisse voir son mari. Satisfaite, également, de discuter avec deux bénévoles de la maison d’accueil des détenus. Et surtout réconfortée d’apprendre qu’elle n’avait pas fait le voyage pour rien. « Il y avait cinq personnes qui attendaient devant la prison à 13 h 15. Elles ont toutes pu entrer », lui expliqua une bénévole. Pamela, elle, avait son parloir à 15 heures. Elle avait pris rendez-vous le matin, par téléphone. Accompagnée de son fils de 3 ans, elle venait spécialement d’Andernos-les-Bains, au sud de Bordeaux, afin de rendre sa visite mensuelle à son mari. Mais jusqu’à ce que les bénévoles de la maison d’accueil la rassurent, elle ignorait si elle pourrait vraiment pénétrer dans La Pierre-Levée : « Lorsque j’ai téléphoné, ce matin, ils m’ont dit qu’il n’y aurait pas de problème. Ensuite, j'ai écouté la radio. Mais je n’ai pas entendu parler de Poitiers. Alors j’ai tenté… Comme ça, au moment des grandes grèves avant l’été, il m’est arrivé de passer une journée dehors en Dordogne. On nous a refusé les parloirs. A l’époque, je venais de Paris ! ».

Ainsi revient le temps des incertitudes, pour les familles de détenus. Elles n’apprennent qu’au dernier moment si les temps de parloir sont préservés, avec les perturbations qu’entraîne le bras de fer entre les gardiens de prison et le ministère de la Justice.

Grève avortée

A Poitiers, les familles qui se présentèrent lundi eurent plus de chance que celles qui faisaient le pied de grue vendredi après-midi devant la maison d’arrêt. Le sas étant bloqué par un groupe de gardiens en repos, une vingtaine de personnes avaient alors attendu pendant deux heures que les portes s’ouvrent. Lorsque tout rentra dans l’ordre, certaines avaient déclaré forfait.

Tous prévoyaient un durcissement de la situation pour le début de semaine. Et si, hier, les parloirs fonctionnaient normalement, il fut à deux doigts d’avoir lieu. Un groupe de gardiens était prêt à poser les clés, c’est-à-dire à faire grève. Ce qui aurait obligé l’administration de la prison à faire appel aux forces de l’ordre. Le projet n’avorta qu’à la dernière minute. Parce que quatre personnes étaient décidées à travailler.

Rien, toutefois, ne paraît résolu entre partisans de la grève et ceux qui y sont opposés. Le syndicat FO, qui rassemble vingt des trente-cinq gardiens de la maison d’arrêt, s’était refusé à un nouveau blocage des parloirs. « Les détenus n’ont rien à voir là-dedans. On ne veut pas qu’il y ait de la pagaille », expliquait hier leur représentant. Il soulignait toutefois que les partisans de l’action sont déterminés.

Il est en outre clair que la tentative avortée de grève a fait naître des tensions hier. Et l’annonce diffusée dans la presse régionale par le ministère de la Justice n’arrange rien. On y annonce le recrutement de mille agents. « C’est une manœuvre de plus et c'est un peu gros. C’est avant le mouvement qu’il fallait y penser », commentait un partisan de la grève.

Bien malin qui devine ce qui peut se décider dans les jours à venir derrière les murs de La Pierre-Levée.

Alain Defaye

 

 

le 31/08/2024 à 16:26

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

prison, grève, blocage, consultation

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