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1408914/10/1989POITIERS

« ON VEUT PAS LA LUNE, JUSTE DES TUNES »

Les agents des Finances manifestaient hier à Poitiers, un nouveau pas dans le conflit

Sept cents agents des services des finances (impôts, trésor, douanes, service de la concurrence, consommation et répression des fraudes) venus des quatre départements du Poitou-Charentes manifestaient hier à Poitiers. Un nouveau pas franchi dans la grève qui a gagné depuis plusieurs semaines les services des finances.

Les grévistes se sont rassemblés, en fin de matinée, au pied de l’hôtel des Impôts, rue de Slovénie, occupé et fermé au public depuis mardi. Après un pique-nique pris sur place, le cortège s'est ébranlé vers 13 h, encadré par un service d’ordre interne afin d’éviter tout débordement et émaillé des banderoles et pancartes des plus explicites. Par exemple, « des sous, y’en a ! aux Impôts, on sait ça ! ».

Et une manifestante de renchérir : « Vous pensez, quand on voit des déclarations d’impôts qui, en l’espace de deux ans, passent du simple au double... ».

Quelques perturbations en arrivant dans le centre-ville, mais pas d’incidents. Des automobilistes immobilisés, plutôt compréhensifs quand ils n’encourageaient pas carrément les manifestants : « Allez-y les p’tits gars, t’nez bon, de toute façon, au point où vous en êtes... ».

Classique, le tour de la place d’Armes. Ce qui l’était moins c’est le « stationnement », pendant plusieurs minutes, devant l’hôtel de ville. « Une manière de manifester notre réprobation au maire, Jacques Santrot, pour la manière avec laquelle il a reçu, jeudi, une délégation de douaniers venue lui transmettre leurs revendications ».

« Il nous a reçus cinq minutes, entre deux portes. Juste le temps de nous dire que les grévistes n’avaient rien compris, que l’État ne trouverait jamais les 75 milliards nécessaires à l’augmentation de 30 points d’indice de tous les fonctionnaires ».

Après quoi, les manifestants se sont rendus à la préfecture où une délégation de douze personnes (représentants de tous les services et des organisations syndicales) a été reçue par M. Philippe Pondaven, secrétaire général de la préfecture. Ils lui ont exposé les principales revendications en le chargeant de les transmettre aux ministres concernés (MM. Charasse, Bérégovoy et Rocard).

Comme disait l’une de leurs chansons, « On ne demande pas la lune, nous c’qu’on veut, c’est des tunes : 1.200 balles et nos 5.000 emplois ».

En fait, ils veulent une augmentation mensuelle des traitements allant de 700 à 2.000 F selon les situations : une revalorisation d’ensemble des carrières, à partir d’un minimum de rémunération à 6.500 F brut, prenant en compte les qualifications réelles : la réimplantation des emplois supprimés depuis 1985 ; enfin une amélioration sensible de la formation professionnelle.

Au terme de cet entretien, Claude Jamin, délégué CGT, ne mâchait pas ses mots. « Les discussions de salon, à partir d’aujourd’hui, c’est fini. Nous allons poursuivre et intensifier le mouvement selon des méthodes qui seront décidées dans chaque assemblée générale. De toute façon, on continue jusqu’à ce qu'on obtienne l’ouverture de véritables négociations. Nous devons nous montrer aussi unis et déterminés. Jusqu’à présent, les piquets de grève et les occupations se sont toujours bien passés mais avec le ras le bol, des débordements sont à craindre. Ils ne seront pas de notre fait, mais de ceux qui refusent de négocier ».

Prochain rendez-vous, jeudi 19 octobre, à Paris, pour une nouvelle manifestation nationale.

Laurence Picolo

Photo : Les fonctionnaires étaient en voix hier dans les rues

 

 

le 01/09/2024 à 16:42

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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