1413629/11/1989LIGUGÉ
La CFDT, absente il y a trois mois, a raflé la moitié des sièges au collège ouvriers-employés du comité d’entreprise
Aubin, imprimeur à Ligugé, le deuxième imprimeur de livres de France, a connu hier une petite révolution silencieuse qui constituera sans doute une date dans l'histoire du syndicalisme de l'imprimerie. Même si le cas présent est l’aboutissement d’évènements bien particuliers.
C’est hier qu’avaient lieu les élections au comité d’entreprise et la CFDT, qui n’était pas présente dans la maison il y a trois mois, a littéralement raflé la moitié des sièges - deux sur les quatre des ouvriers-employés - au détriment de la toute puissante CGT.
Toute puissante car depuis des temps immémoriaux, la Fédération des industries du livre plus communément le Livre détient une très large majorité dans l’imprimerie.
Mais chez Aubin, depuis l’année dernière, l’action syndicale (les quatre sièges étaient à la CGT) a dérapé. De vraies ou fausses séquestrations, en événements gazeux devant le palais de justice en juillet dernier, en passant par plusieurs audiences, le climat s’est grandement détérioré et il semble bien qu’une partie du personnel ne se soit plus reconnu dans l’action des délégués CGT de l’entreprise.
La page a donc été tournée hier puisque sur 240 suffrages exprimés au cours du vote, la CGT a été créditée de 131 bulletins, la CFDT récupérant quant à elle les 109 restants. On peut discuter longtemps sur les pourcentages selon qu'lis sont établis sur le nombre des bulletins ou le nombre de voix (chaque bulletin comporte plusieurs voix), mais le résultat final est là.
Deux des quatre sièges ouvriers-employés vont maintenant à la CFDT qui sort grande gagnante de cette élection.
« Un résultat très satisfaisant pour cette première fois que nous sommes présents dans l’entreprise, nous expliquait-on hier soir côté
CFDT. Les salariés ont ainsi exprimé leur volonté de changement : plutôt les voies de la négociation que celles de l’agitation ! ».
A la CGT, Patrick Chatet, celui-là même qui était l’été dernier au centre des évènements et qui est responsable régional du Livre, remarque : « C’est un phénomène nouveau, nous ne le cachons pas. Cela dit, la CFDT a bénéficié de l’appui de la direction. Pendant la campagne, on voulait plagier un titre de film : y a-t-il un syndiqué sur la liste CFDT ? Ça ne trompe personne : selon nous, il n’y a qu’un syndiqué sur la liste CFDT ! ».
Plus quelques transfuges de la CGT qui constituent effectivement la moitié de la liste adverse, preuve peut-être qu’il y avait quelque chose qui clochait.
Du côté de la direction enfin, pas de manifestation intempestive sauf que Philippe Aubin nous confiait hier soir : C’est le signe des temps. Les conflits perpétuels ne permettent pas la bonne gestion. Je suis content de cette ouverture et maintenant, que le meilleur gagne ! ».
Le deuxième tour d’élection, jeudi en huit, concernera le poste de cadre pour compléter l’équipe de cinq élus au CE. Un cinquième siège qui ressemble fort à un arbitre !
Laurent Bertagnolio
Par ailleurs, l’affaire Patrick Chatet passera en appel le 8 mars prochain.
le 02/09/2024 à 17:10
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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