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La manifestation des fonctionnaires a rassemblé hier à Poitiers environ 1.500 syndiqués de la CGT, de la FEN et de FO. La CFDT faisait bande à part

Au bout du pont Saint-Cyprien, à droite : la manifestation des fonctionnaires massés Promenade des Cours. Sur l’asphalte, les militants de la CGT et de la FEN ; sur le boulodrome, ceux de FO. On défile ensemble, mais on ne se mélange pas. Le secrétaire départemental FO des services publics de la Vienne, R. Branchelot, a la dent dure : « On ne manifeste pas avec ceux qui ont cautionné la casse de notre statut des collectivités territoriales ». Ces fonctionnaires défileront en conséquence en queue de cortège et à distance respectable des cégétistes.

Les manifestants se placent sous les banderoles sur l’air de « vive la Popu ». Le soleil brille. Une bonne manif, en perspective. Premier slogan : « le pouvoir d’achat c’est un droit ; la revalorisation, une nécessité ». La procession s’ébranle. Les cheminots prennent le train en marche au niveau du pont. La manifestation s’étire.

Vous vous promenez ? Il y a du monde » commente un grand-père admiratif. On parle du travail, des gamins, de tout et de rien. La sono s’époumone. Heureusement, les filles des Impôts ont la pêche. Elles esquissent quelques pas de danse, chantent. Les gars de la Poste possèdent aussi un beau répertoire, sur l’air des « Montagnards » : « Quilès, Quilès, Quilès, les PTT sont là ».

Trois bébés somnolent sur le ventre de leur père ou mère, bercés par le brouhaha de la foule. « Dites, vous en avez compté combien ? 1.000, 1.200, 1.500 ? ». Les organisateurs font les comptes dans la rue Jean-Jaurès. De toute façon, on n’avait pas vu un tel rassemblement à Poitiers depuis fort longtemps.

La CFDT salle Timbaud

Les marcheurs passent devant la salle Timbaud sans y prêter garde. Et pourtant d’autres grévistes ont investi ce lieu. Les militants de la CFDT. Une centaine au grand maximum. L’ambiance est plutôt morose. Le syndicat fait bande à part.

A la tribune, Jean-Luc Augustin, secrétaire départemental des PTT, justifie son attitude : « Nous étions d’accord pour une action commune mais qui porterait seulement sur les problèmes salariaux. On s’est heurté dès le départ au comportement de la FEN et de la CGT qui ont appelé à manifester sur des problèmes salariaux mais aussi locaux. Or, nous sommes en désaccord sur certains points avec eux ».

Le syndicaliste s’interroge : « Est-il possible d’avoir un rapport de force sur des revendications fourre-tout ? En fait, ne s’agit-il pas d’activisme politique plus que syndical ? ».

« Rocard, si tu continues, la classe ouvrière te bottera les fesses ». Le cortège a atteint le haut de la rue Jean-Jaurès, contourne la place du Maréchal-Leclerc, zigzague dans de petites rues pour achever son parcours devant la préfecture. Un haut lieu qui porte encore les traces de la manifestation des agriculteurs, mardi soir.

Le mégaphone tonne : « Aujourd’hui, les fonctionnaires sont en grève à Poitiers comme dans toutes les villes de France. Ils demandent le maintien du pouvoir d’achat, la revalorisation de tous les métiers ».

Une délégation est reçue par une autorité préfectorale pendant que les représentants syndicaux lisent leurs discours.

Les militants s'éparpillent. Prochaine manifestation samedi au lycée du Bois d’Amour « pour accueillir » Lionel Jospin en attendant le « grand jour » : le 1^er mai.

M-C Bernard

Les grévistes en pourcentage
- SNCF : agents de conduite, 40 % ; autres, 12 %.
- Hôpitaux publics (CHR, CHSV, Châtellerault et Loudun) : 4 %.
- Poste : 24 %.
- Équipement : 8 %.
- Sécurité sociale : 22 %.
- CAF : 21 %.
- Impôts et douanes : 36 %.
- Personnels communaux (Poitiers, Châtellerault, Naintré) : 17 %.
- Éducation (instituteurs, 37 % ; professeurs, 41 % ; administration et intendance, 16 % ; ouvriers de service, 29 %) pour le Poitou-Charentes.
- EDF : 18 %.