1434011/08/1990MONTMORILLON
Les huit maçons d’une entreprise du sud du département reprendront le travail lundi. Mais ils attendent toujours le versement de leurs congés payés...
« Si dans deux mois je n’ai pas reçu cet argent, comment je vais payer ma maison ? On peut me la reprendre ! ». Le maçon n’a pas le moral. Ses trois copains non plus. Le 14 juillet marquait leur premier jour de vacances. Dans les faits, ils n’y ont pas eu droit. Leurs congés payés ne leur ont pas été versés. Pourtant, ils reprendront le travail la semaine prochaine dans l’entreprise du sud du département qui les emploie.
Les quatre hommes que nous avons rencontrés expliquent les raisons de cette absence de rémunération. (Tous ont souhaité garder l’anonymat tant que le conseil des prud’hommes ne s’est pas prononcé.)
« Dans le secteur du bâtiment, les employeurs de la Vienne cotisent à la caisse de congés payés du bâtiment de la région Nantes. Cet organisme règle ensuite les salariés dans la mesure où les patrons sont à jour de leurs cotisations. Notre employeur nous a affirmé à plusieurs reprises qu’il s’en était occupé, or ce n’était pas vrai.
Résultat : les huit travailleurs de l'entreprise (dont un apprenti) ont été privés de vacances. Mais plus dramatique, ils ont des traites impayées. « Je suis marié. J’ai trois enfants en bas âge. Ma femme ne travaille pas. Nous avons les factures de la maison, d’électricité, du téléphone. Il faut manger. Nous avions l’habitude de partir 8-15 jours à Royan. Cette année, ça n’a pas été possible ». Un autre avait versé un acompte de 700 F pour réserver une location. Il a abandonné son projet et perdu son dépôt.. Le troisième avoue avoir pu partir grâce à du travail au noir. Le quatrième avoir « tenu » grâce au salaire de sa femme.
Patients pendant cinq ans
« C’est une drôle de situation, tous les ans à cette époque », s’exclame un maçon. Car ils subissent ce – mauvais – traitement depuis cinq ans. « Jusqu’alors nous étions tolérants, explique l’un des ouvriers. Pour ne pas gêner le patron. Maintenant ça ne va plus.
Nous en avons ras le bol. Nous avons été assez patients.
Ils ont décidé de saisir les prud'hommes. La CGT départementale les conseille et les épaule. Ils demandent que leurs congés payés et leurs salaires soient versés à temps.
Le secrétaire départemental, Francis Martin souhaite que les salariés lésés puissent bénéficier de leurs droits et que les prud’hommes aillent plus vite. « Nous envisageons d’aller plus loin, affirme F. Martin. Jusqu’au pénal. Les droits du travail existent, il faut qu’ils soient appliqués. Il faut faire respecter la loi dans le bâtiment.
Le conseil des prud’hommes rendra son jugement le jeudi 23 août.
M-C Bernard
Photo : Les maçons vont reprendre le travail. Mais ils attendent encore le versement de leurs congés payés...
le 22/09/2024 à 12:59
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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