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1436329/09/1990POITIERS

UNE JOURNÉE PRESQUE COMME LES AUTRES

Un petit millier de manifestants, des forces de l’ordre impressionnantes, des Poitevins indifférents pour la venue de Mitterrand

Il fait frisquet, place d’Armes. A 9 heures elle est quasiment vide mais ne va pas tarder à s’animer. A droite de la mairie, devant la BNP, « la ferme de l’avenir » a regroupé ses forces. A gauche, la FDSEA et le CDJA ont rassemblé leurs troupes. Au milieu, l’esplanade avec un détachement du 20e RA. Tout autour les CRS, renseignements généraux, policiers en civil. Et les cégétistes massés aux abords.

Et tout d’un coup, les sifflets et les huées aux premiers roulements de tambour de la musique militaire. Mouvement de foule, qui se dresse sur la pointe des pieds pour apercevoir le président. C’est vrai qu’il n’est pas grand Mitterrand, surtout quand, à la « ferme de l’avenir » il est noyé au milieu des agriculteurs de la confédération paysanne.

Ah si, on le voit bien maintenant, gravissant le tapis rouge déroulé sur les marches de la mairie. Mais il va falloir attendre une demi-heure pour qu’il réapparaisse, entouré du préfet, du maire et de ses ministres. Une demi-heure dans l’air frisquet puisque le soleil ne se décide pas à réchauffer la place.

Qu’à cela ne tienne. Les manifestants vont se charger de chauffer l’atmosphère. Une barrière de sécurité vole en direction des CRS suivie de géraniums arrachés dans les vasques. Quelques jets de gaz lacrymogène font faire pleurer les forces de l'ordre et le ton monte. Les cris fusent : « Tonton démission », « Rocard au rancart ». Les banderoles s’agitent : « communaux de Poitiers CGT salaire minimum à 6.000 F » ; « Non à l’élimination des petits paysans » ; « Non à la guerre du golfe ».

Les syndicalistes agricoles viennent rapporter à leurs troupes leur entrevue avec le Président. Mais le dialogue ne passe pas. Le mécontentement grandit. Mais n’ira pas bien loin sauf verbalement : « si le Président ne remet pas le cap à l’Ouest, ça va être la Bérézina » lance un paysan. « Quand on va sortir, ça ne sera pas pour des bricoles » renchérit un autre. « La preuve qu’il y a un problème, il n’est pas venu nous serrer la main »…

12 h 05, la quinzaine de voitures et minicars officiels retraversent la place à toute allure sous une nouvelle bordée de huées. Puis tout se calme, les manifestants s'en vont sous le regard indifférent des Poitevins qui sortent du travail et vont s’asseoir aux terrasses (réapparues) des bistrots.

Qui a sifflé ? - Furieux, le préfet Ivan Barbot quand il est allé voir, à la mairie, les responsables agricoles. Furieux des sifflets et huées qu’ont accueilli le président. « C’est pas nous » ont répondu FDSEA et CDJA. La CGT peut-être ?

Réactions, pétitions, contestations…

La venue de François Mitterrand, en Poitou-Charentes a provoqué, bien sûr, de nombreuses réactions. Outre celles que nous avons déjà mentionnées dans nos éditions précédentes, notons les prises de positions suivantes ;

• Poitou-Charentes TGV : Le TGV n’est pas le bon dieu » - (...)

• CFDT : « Vous, l’enfant de la région » - L’Union régionale CFDT s’adresse au président qui est aussi « un enfant de notre région » pour formuler deux « souhaits » : « Il faut dès aujourd’hui jeter les bases d’une deuxième université dans le Poitou-Charentes et y regrouper les moyens nationaux d’une politique de l'environnement »

• FEN : « Une région lourdement touchée » - Dans une lettre ouverte, la FEN 86 rappelle que « le Poitou-Charentes présente la triste caractéristique d’être l’une des dernières régions de France pour le taux d’accès au baccalauréat et à l’enseignement supérieur. Et d’être l’une des premières pour l’apprentissage (...). Pour faire face aux besoins recensés, il faut construire au moins six lycées dans la région dont deux à Poitiers et augmenter la capacité d’accueil de l'université pour accueillir 40.000 étudiants dans un proche avenir. C’est pourquoi la FEN revendique une loi de programmation qui prenne en compte l’ensemble des besoins ».

• FO : « Pour un soutien significatif » - Pour l’Union régionale des syndicats Force Ouvrière Poitou-Charentes, « La région a été trop souvent tenue à l’écart des grands projets et équipements qui font la richesse d’une région. Aujourd’hui, le Poitou-Charentes présente des faiblesses économiques graves qui compromettent sérieusement son avenir et soumettent ses habitants, les travailleurs et leur famille à rude épreuve. Notre région doit donc impérativement recevoir un soutien significatif de la collectivité nationale », exige FO.

Photo : Sous l’œil du préfet Barbot, le Président discute avec Yves Manguy, président régional de la coordination paysanne, devant la « ferme de l’avenir »

 

 

le 23/09/2024 à 17:30

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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