1468128/10/1991CHATELLERAULT
Déçus de n’avoir pu exposer leurs problèmes devant le Premier ministre, les ouvriers de Saint-Quentin sont repartis amers
« Nous avions choisi de mener une action dans le calme et il était hors de question que nous tentions une épreuve de force. A l’usine, nous avions sélectionné les ouvriers qui feraient partie du voyage en excluant volontairement ceux qui auraient pu faire du grabuge… Nous sommes vraiment déçus, faut-il que l’on vienne avec des tracteurs pour se faire entendre ?… Ce vendredi soir, vers 22 heures, l’amertume et la morosité règnent aux portes de l’hôtel de ville où se font face depuis près de deux heures cent cinquante manifestants d’une part, des policiers en tenue et en civil, ainsi que des CRS venus en nombre de la Haute-Vienne, de l'autre. Entre les deux, des barrières métalliques et pas mal d’incompréhension même si l’on sent plutôt un malaise réciproque que de l’agressivité.
Débat un peu surréaliste sur des chiffres faut-il faire entrer quinze ou vingt manifestants ? Doivent-ils être seulement Châtelleraudais ou accepte-t-on aussi des salariés de Saint-Quentin ? Pourront-ils parler au début ou à la fin de la séance ? Le dialogue de sourds qui allait s’instaurer et voir des conseillers municipaux quitter la salle avec éclat, aura en tout cas privé les salariés de s’exprimer : ceux qui étaient venus de Saint-Quentin en car et qui n’ont pu donc dire à celle qui est pour eux le Premier ministre, même dans sa mairie de Châtellerault, leur inquiétude vis à vis de l’avenir de leur entreprise, SNECMA, qui connaît des difficultés financières importantes avec sans doute du chômage pour plusieurs dizaines d’employés, à la clé. Ceux de Châtellerault aussi, de la SOCHATA, solidaires de leurs collègues parisiens, mais qui ne comprennent pas que lorsque l’on crée des emplois à Châtellerault, ils profitent à une autre région. Ceux de Sextant Avionique, enfin, où des débrayages ont commencé d’avoir lieu à l’initiative de la CGT, FO, la CGC, unis face aux « graves menaces pour l'avenir ». Ceux-ci auraient pourtant évoqué la baisse importante des effectifs depuis dix ans, la suppression de la grille de classification, de congés, de primes, de chèques vacances et surtout l’angoisse qui monte à l’heure où l’on parle d’un plan de restructuration pour 1992.
Rien n’aura donc été dit, même si des élus seront venus apporter une bonne parole qui n’a réconforté personne, si le secrétaire général de la mairie a tenté sans succès de renouer le dialogue.
« Nous n’oublierons pas l’accueil qui nous a été fait à Châtellerault » ont lancé en partant les ouvriers Parisiens malheureux d’avoir été reçus « comme des casseurs ». Cela tandis qu’après quelques heurts, la séance du conseil municipal se poursuivait dans le calme… A l’heure de la sortie, un proche du PS confiait : « N’empêche, il y a dix ans, nous aurions été de l’autre côté de la barrière.
C.A.
Photo : Face à face devant la mairie
le 29/10/2024 à 09:11
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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