1469308/11/1991VIENNE
C’est sous le signe de la « révolution culturelle du syndicalisme » que la CGT de la Vienne a ouvert, hier, son 53e congrès, à Civaux
Face à deux cents délégués, Francis Martin, secrétaire départemental sortant, a tenu le langage du neuf, annonçant la chasse aux pratiques centralisatrices et l’arrivée du « syndiqué-citoyen » à la CGT et dans les entreprises. Les exigences de démocratie doivent être « prises en compte », plus question de définir, « d’en haut » des revendications ! C’est aux salariés et aux syndiqués de le faire : « Il faut en finir avec ces délégués hommes-orchestres qui ne dirigent rien et qui gèrent davantage la dégradation syndicale qu'ils ne pratiquent un syndicalisme CGT. Ce sont les travailleurs qui doivent élaborer les revendications et décider des formes d’actions pour les faire aboutir » déclarait F. Martin.
Le syndicalisme CGT se doit être « la démocratie revendicative »...
Car « trop de sections végètent parce qu’il n’y a pas d’activités collectives : si les salariés sont explosés sur les lieux de travail, explosons nous-mêmes », lançait le secrétaire dans son rapport d’ouverture - examen de conscience...
De quel syndicat les travailleurs ont-ils besoin ? Question de fond sur laquelle les congressistes ont débattu, hier et débattront encore aujourd’hui. Une volonté : rendre leur responsabilité aux travailleurs, en finir avec les pratiques délégataires, sans pour autant nier la nécessité d’un syndicat fort. Car c’est quand les syndicats sont puissants que les « avancées sociales » se produisent…
La CGT reconnaissant « le changement du paysage social » avec la fin des grands monopoles et la dispersion des petites entreprises, souvent éphémères, veut tenir compte des mutations en adoptant ses démarches. La politique de « parrainage », par exemple, peut porter ses fruits comme l’Union locale de Chauvigny l’a montré chez Aubade, Gina, Jack'M, Tartarin... Mais il reste à inventer beaucoup, à l’image de la diversité des salariés eux-mêmes sans abandonner l’idée de lutte qui reste prioritaire. Pour cela, la CGT estime qu'elle doit augmenter ses effectifs : 4.517 syndiqués CGT dans la Vienne en 88, 4.507 en 90, 4.380 au 7 novembre 91.
La baisse s’est ralentie mais « le renforcement doit passer par celui des unions locales : Montmorillon, Civray, Civaux... ».
Et, oui, Civaux, parce que les 500 salariés actuels sur le site du chantier de la centrale nucléaire seront, bientôt, mille et que la grève de l’hiver dernier a marqué le syndicat départemental, permettant, en septembre dernier, la création d’une « union locale de site »...
Le réveil de la CGT est donc sensible dans ce qu’on appelle le « sud » du département : « Parce qu’il n’y a pas que l’axe Poitiers-Châtellerault... ». Et, « dans le cadre du mécontentement général grandissant actuel », le syndicat ouvrier se refait des forces.
Par exemple, la pétition sur les salaires des fonctionnaires a déjà recueilli 3.000 signatures dans la Vienne : une première liste a été remise au préfet...
Les travaux du 53e congrès se poursuivent aujourd'hui à Civaux. Elyane Bressol, membre de la commission exécutive confédérale, interviendra et un hommage aux vieux militants du département est prévu.
Jean-Luc Reymond
le 29/10/2024 à 21:27
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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