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1472120/12/1991CHATELLERAULT

SEXTANT AVIONIQUE EN PLEINE TURBULENCE

Le spécialiste de l’électronique de vol se restructure. L’usine de Châtellerault perd cent douze postes, Vendôme en gagne soixante-sept

La réduction des budgets de défense et le repli momentané de la demande dans l’aviation commerciale ont porté un coup très rude à Sextant Avionique, une société de 6.570 salariés dans le giron de Thomson et Aérospatiale. La chute de l’action a été vertigineuse en quelques mois, passant de 700 à 165 F. Alors qu’en juin on s’attendait à un chiffre d’affaires correct pour 1991, on annonçait en octobre des résultats catastrophiques.

Devant un comité central d’entreprise réuni hier à Meudon, la direction de la société spécialisée dans les équipements aéronautiques et l’électronique de vol a annoncé son intention de résorber d’ici à la mi-1993 un sureffectif évalué à 1.156 salariés.

Les pertes en annulations de commandes dues à la mauvaise conjoncture sont évaluées à 400 MF en 1991. Le chiffre d’affaires va passer de 5.2 milliards de francs l’an dernier à 4,7 milliards. Il devrait se stabiliser dans les deux prochaines années.

La réduction des effectifs va s’accompagner d’environ 320 transferts entre établissements et environ 165 postes seront à pourvoir au terme de ces opérations, ce qui devrait en atténuer le choc. Selon des informations recueillies par les élus du CCE, 353 ouvriers et agents de maîtrise seraient visés ainsi que 299 administratifs, 217 cadres et 287 techniciens.

Le Centre et le Poitou-Charentes sont particulièrement visés par cette restructuration. L’usine de Châtellerault (ex SFENA) compte un sureffectif de 273 personnes sur 716. Au bout de l’opération à la mi-1993, elle aura perdu 112 postes. Car, en fait, il y aura 365 suppressions contre neuf créations et 244 transferts venant des activités après-vente d’Orly, de Valence, de Bordeaux et de Vendôme (quarante personnes concernées). Quinze salariés seront envoyés dans les services administratifs de Valence ou la région parisienne.

La sous-préfecture du Loir-et-Cher sera bénéficiaire de la restructuration puisque SVA, filiale à 100 % de Sextant Avionique, va voir arriver dans les dix-huit mois soixante-sept personnes de Châtellerault. Ce sont elles qui fabriquent les horizons artificiels, instruments qui ont fait la réputation de SFENA et qui permettent aux pilotes de reconstituer leur altitude.

SVA (430 salariés, ex-Jaeger), qui fabriquait déjà des altimètres, des anémomètres et des capteurs de pression, devient aussi le centre de production des instruments de bord de Sextant Avionique.

Les cent douze suppressions de postes de Châtellerault sont à moduler dans la mesure où elles correspondent en grande partie à la décision politique de la direction de Sextant de supprimer l’activité mécanique, laquelle sera sous-traitée sur place. Certains salariés devront donc changer d’entreprise tout en restant dans la ville d’Edith Cresson, qui garde la fabrication des gyrolasers et récupère l’après-vente.

Dans un communiqué publié hier soir, Sextant Avionique parle d’un projet d’adaptation des structures de la société visant à rationaliser les métiers stratégiques par spécialisation des sites et à transférer vers l’extérieur les métiers non essentiels.

La direction a annoncé la mise en place de mesures d’accompagnement : création d'antennes emploi pour faciliter le reclassement externe, important effort de formation, ainsi qu’une innovation : le travail à poste partagé basé sur le volontariat.

Pour sa part, la CFDT estime que Sextant Avionique pourrait se diversifier dans le domaine civil. L’acteur mondial de l’avionique plonge, mais cherche à se rétablir.

Alexis Boddaert

 

le 04/11/2024 à 15:08

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

métallurgie, aéronautique, groupe, restructuration, licenciement

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