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1473415/01/1992CHATELLERAULT

SEXTANT AVIONIQUE : LA MAIRIE INVESTIE PAR LES SALARIÉS !

Ainsi qu’on le lira par ailleurs, ce sont plus de 500 salariés de Sextant Avionique Châtellerault qui se sont déplacés ce mardi à Meudon en région parisienne, afin de soutenir leurs délégués qui rencontraient la direction générale dans le cadre d’un comité central d’entreprise après la mise à jour d’un plan de restructuration.

Manifestant auprès du siège social, les employés qui avaient affreté une douzaine de cars auront poursuivi ensuite jusqu’aux Invalides, des rencontres avec les députés ayant lieu à plusieurs reprises.

A l’heure du retour et tandis que les délégués ne pouvaient annoncer qu’une confirmation du plan (licenciements et transfert pour près de 300 personnes) il était décidé de saluer Châtellerault d’une façon éclatante.

Ainsi en soirée, les cars arrêtés devant la mairie, les participants investissaient les bâtiments de l’hôtel de ville troublant quelque peu un buffet prévu à l’intention d’instances éducatives, dans le cadre d’une réunion devant avoir lieu le soir même au Nouveau Théâtre, sur le thème des horaires scolaires.

Les uns et les autres, auront ainsi partagé champagne et petits fours, des salariés de Sextant prononçant quelques mots aux fenêtres.

Dialogue courtois avec le commissaire de police et quelques-uns de ses hommes, cette manifestation se concluant dans le calme, les délégués de Sextant auront cependant réaffirmé leur désir qu’on les écoute enfin, qu’ils soient reçus et entendus par les élus.

 

1.157 suppressions d’emploi confirmées chez Sextant Avionique. 500 Châtelleraudais étaient hier à Meudon

Turbulences et mauvaise visibilité pour Sextant Avionique. La direction du leader européen de l’électronique de vol a confirmé, hier, ce qu’elle avait annoncé le 19 décembre : la suppression d’ici la mi-1993 de 1.157 emplois sur 6.570 !

Un plan d’amélioration de la compétitivité avait été présenté comme un impératif, à la suite de la récession économique et d’un dérapage sur le programme hélicoptère franco-allemand Tigre, lequel a nécessité des provisions de l’ordre de 117 MF.

La fusion de trois filiales d’Aérospatiale et de la division avionique de Thomson-CSF avait pourtant attiré sur elle, en 1989, les investisseurs avides de jouer la forte croissance du marché des avions de ligne.

Après une hausse de 12 % du résultat net en 1990, retournement de situation cette année avec une perte évaluée à 43 MF.

Du coup, c’est la réduction d’effectifs, accompagnée de 320 transferts entre établissements, d’une entreprise qui peut pourtant s’appuyer sur une croissance prévisible du programme Airbus.

« Qu’ils s’en aillent »

C’est d’abord l’usine de Châtellerault qui trinque avec un sureffectif évalué à 273 personnes sur 716. Autant dire qu’ils étaient particulièrement décidés les 500 salariés de la ville du Premier ministre, qui avaient rejoint, dans douze cars, hier matin, la manifestation organisée devant le siège de Meudon par les syndicats CGT, CFDT, CFTC, FO et CFE-CGC. Lorsqu’ils sont arrivés avec leur banderole « Châtellerault lutte pour sauver l’aéro », ils ont même reçu une belle ovation des délégations de Valence, Alès, Bordeaux, Conflans-Saint-Honorine, Vélizy et Orly.

« Ohé, ohé, ohé : c’est la lutte, on va gagner ». Le cœur y était en tout cas chez « les Sextant » désireux d’éviter la casse industrielle. « Que les liquidateurs s’en aillent » hurlait, mégaphone en main, René Caillault, le délégué CGT animateur de troupes bien inquiètes. Michel Rousseau, le représentant du même syndicat au CCE, expliquait au milieu des 2.000 manifestants : « On va nous découper en cinq morceaux. Dans l’usine de Brelandière, on reste 110 sur 716 à fabriquer les gyrolasers, cœurs du système de navigation pour les avions et Ariane IV, mais qui nous dit que la SAGEM de Montluçon ne nous absorbera pas ?

Avec l’abandon de l'activité mécanique, quarante gars vont rester sur le carreau. Les soixante-dix autres pourraient être employés sur place par un éventuel repreneur, mais on n’en sait pas plus. Au total, 354 postes seront touchés et on annonce près de 200 licenciements. Pendant ce temps, il est question de construire un centre de logistique international, mais on n’y croit guère ».

Ce service d’aide aux utilisateurs, qui pourrait regrouper l’administration et la gestion des commandos, ainsi que la réparation des calculateurs Airbus, fait le malheur du site d’Orly, rayé de la carte. Édith Cresson, elle-même, n’aurait pas été étrangère à ce rapatriement compensateur qu’on pourrait assimiler à une délocalisation.

Ce n’est pour autant pas la joie à Châtellerault, comme le montrait ce monteur-câbleur anonyme, entré en 1967 dans ce qui s’appelait alors la SFENA : « A l’époque, on embauchait à la pelle ». On a été plus de 1.000 ». Il a suivi l’évolution du câblage fil à fil aux cristaux liquides et on a pris en pleine figure ce drôle de cadeau de Noël. Michel David, de la division mécanique, paraît abattu : « J’ai beau être meilleur ouvrier de France, ça ne les empêchera pas de me foutre à la porte ».

Pour deux ingénieurs du département « études » menacés eux aussi, Sextant c’est un peu la douche froide. « Nous, on est appelé à bouger, mais pour ceux qui sont là depuis vingt-cinq ans, c’est le drame ».

A 12 h 45, l’atterrissage en douceur de Sextant était confirmé. René Caillault a donné rendez-vous aux manifestants pour poursuivre la lutte sur les sites. Avant de reprendre les cars pour les... Invalides.

 

Alexis Boddaert

Photo : Un quart des manifestants venait de Châtellerault

 

 

le 04/11/2024 à 16:01

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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