1484621/05/1992MONTMORILLON
Accueillie dans un calme teinté de méfiance, la nouvelle du rachat de Ranger continuait hier d’alimenter les conversations. La direction entend de son côté “lever les inquiétudes”
C’est vers 17 heures, mardi que les salariés de l’entreprise entendaient les termes du communiqué de la direction générale de Pinault France, communiqué lu par le directeur du personnel, M. Lamassiaude ; outre les finesses stratégiques (qui ne présentent finalement qu’un intérêt relatif pour le personnel), chacun aura surtout compris que Pinault a souhaité recentrer ses activités essentiellement en direction de la distribution. Celle-ci représente il est vrai 80 % de l’activité du groupe (Le Printemps, Prisunic, La Redoute...). Dans ces conditions, et on le savait depuis un certain temps, le secteur bois venait en « surcharge » de l’activité et ne correspondait plus aux axes de développement futurs. Activité devenue pour Pinault « non stratégique ».
La reprise des participations de Pinault SA par Dapta Mallingoud (ou Bernard Roques, comme la CGT préfère désigner le repreneur) pour le mobilier a ainsi pour ambition, toujours selon le communiqué, de constituer l’un des tous premiers groupes français du secteur », aux mains, cette fois, de spécialistes de ce domaine.
Voilà qui, dans les termes au moins, n’a a priori pas lieu de susciter l’angoisse... Sauf que le personnel, et c’est bien légitime, veut en savoir plus sur les intentions du repreneur sur le plan des effectifs. C’est même pour toute l’économie montmorillonnaise que la question fondamentale, reste posée.
Effectifs maintenus… durablement ?
La lecture du communiqué « officiel » s’accompagnait d’une promesse importante : les équipes en place ne changeront pas et le personnel restera en place. Du côté des salariés, on accueillait cependant cette promesse avec la plus grande méfiance : « Dans l’immédiat, bien évidemment, on ne va pas nous annoncer de réductions d’effectifs ; mais dans l’immédiat seulement ! Car la plupart du temps, une reprise est suivie bien vite d’une restructuration, avec les conséquences l’on connaît », nous confiait un ouvrier.
C’est la mutation progressive vers le meuble en kit qui suscite le plus d’inquiétude, avec cette autre remarque émanant d’un membre du personnel : « Cela fait déjà un moment que l’on parle de kit pour compenser, paraît-il, la baisse du marché des meubles montés. Mais avec quels effectifs ? C’est ce que l’on ne nous dit pas ».
Il y a aussi, chez Ranger, le sentiment très fort (et justifié) de posséder un savoir-faire dans le domaine du meuble « haut de gamme ». Une qualité reconnue (et primée voici quelques mois par le conseil régional) que personne n’entend sacrifier. Ni à court ni à long terme.
Après l’annonce du rachat, c’est donc toujours la vigilance qui prévaut dans l’entreprise. Même si la direction veut dissiper le malaise et les craintes. Ce qui est sûr, c’est qu’elle est consciente du caractère indispensable, pour l’économie locale, de la présence de Ranger à Montmorillon. Cela n’est certes pas une assurance tout risque, mais c’est pour le moins une attitude positive.
Eric Richard
le 25/11/2024 à 15:06
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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