« Retour

0148022/08/1926POITIERS

LA QUESTION DU PAIN

Les négociations se poursuivent entre la municipalité et les boulangers.

Ceux-ci ont consenti à continuer la fabrication du pain jusqu’à mercredi, alors que leur intention était d’abord de la cesser à partir d’aujourd’hui, samedi.

On peut espérer une solution prochaine du conflit.

Il est évident que le prix de vente actuel de 2 fr. 50 ne pourra pas être maintenu puisqu’à Paris – dont les cours servent de « régulateur » - ce prix va être porté à 2fr. 55.

Ces incessantes variations de cours sont d’ailleurs très mal accueillies par l’opinion publique. (…)

Les pourparlers

Une réunion générale des membres du syndicat de la boulangerie a eu lieu hier soir à 6 heures à l’Hôtel de ville de Poitiers.

Tous les boulangers de notre ville étaient présents.

Avant de prendre une décision définitive une délégation a été chargée de se rendre auprès de l’adjoint chargé du ravitaillement pour le prier de faire connaître les intentions de la municipalité à l’égard des boulangers.

Les délégués ont été aussitôt reçus par l’adjoint du Maire. Celui-ci s’est engagé à faire toute diligence pour obtenir de M. le Préfet la promesse formelle que le recours formé par les boulangers contre le dernier arrêté fixant le prix du pain soit examiné dans un délai de 48 heures.

Si la question de la prime de panification n’était pas solutionnée dans le délai indiqué, l’adjoint au maire prendrait mardi prochain un arrêté basé cette fois ci sur le cours des farines établi par la Commission consultative et accordant aux boulangers une prime de bonification fixée à 40 %.

Les délégués ayant rendu compte à leurs collègues du résultat de leur démarche, l’Assemblée a décidé à l’unanimité que les boulangers continueraient à assurer l’approvisionnement de la ville.

Une nouvelle réunion aura lieu mercredi. Il est probable qu’à cette date le prix du pain sera porté à 2 fr. 65.

La réponse des boulangers à la Municipalité

On nous communique la lettre suivante adressée par le Président du Syndicat des patrons boulangers à la Municipalité :

Poitiers, le 20 août

Monsieur l’adjoint,

Pendant la nuit d’insomnie que je viens de passer j’ai longuement réfléchi aux conséquences de la grave détermination que votre intransigeance va très probablement nous forcer de prendre.

Avant l’irréparable, je vous en supplie M. l’Adjoint, pesez bien toutes les conséquences qui peuvent en résulter pour les consommateurs, qui ne demandent qu’à être équitablement défendus.

Pour le plaisir de leur procurer pendant quelques jours du pain au même prix qu’à Paris, vous allez condamner une catégorie de commerçants à un déficit journalier de 60 à 100 francs pat jour selon l’importance des boulangeries.

Vous nous avez dit, M. l’Adjoint : « faites un effort de conciliation ». Nous sommes disposés à faire toutes les concessions compatibles avec les possibilités matérielles du moment ; mais nous ne pouvons pas consentir à la triste situation qui nous est faite sans la ferme assurance que, dans un avenir très proche, satisfaction nous soit donnée.

Le sacrifice énorme que vous nous demandez, s’il peut être supporté par certains d’entre nous, entraînerait la ruine d’un grand nombre à brève échéance.

En compensation vous nous offrez de prendre à la date du 23 courant un arrêté relevant de 0.05 le prix du pain et de nous faire gagner quelques jours en avançant une augmentation ou retardant une diminution.

Ce n’est pas suffisant, mais néanmoins nous vous remercions du louable effort que vous avez fait pour nous procurer de la farine à 290 fr. le quintal rendue gare de Poitiers.

Vous savez comme nous que les moulins de Villards ne s’engagent que sur une petite quantité, car 600 balles cela fait 15 balles chacun, soit un approvisionnement de quatre à cinq jours. C’est peu, cela nous permet d’espérer des conditions meilleures de nos fournisseurs habituels.

C’est pourquoi, dans un dernier effort de conciliation, nous sommes disposés à accepter le prix de 2 fr. 60 à la date de mardi prochain. Si vous voulez bien nous donner la promesse formelle de nous accorder dans un délai très court la prime de panification qui, après un examen impartial de nos droits généraux, sera fixée par la Commission que M. le Préfet voudra bien désigner afin de solutionner, dans le plus bref délai, le recours que nous avons l’honneur de soumettre à son bienveillant arbitrage.

.../…

Ch. Duchibon

 

 

le 02/06/2020 à 18:50

Source : L'Avenir de la Vienne

prix du pain, patrons, municipalité

« Retour

Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org

Site UD 86 - Espace militants - Espace formation