1491618/09/1992LENCLOITRE
Après l’implantation d’une usine « Hollywood » en 1985, la délocalisation de l’unité « Kréma » de Montreuil apportera 135 emplois en deux ans dans le Lencloîtrais
Sept à huit mille tonnes de chewing-gum par an, soit environ un milliard et demi de ces fines tablettes conjuguées en rose, parfum fraise, blanc, menthol ou vert, façon chlorophylle, l’usine « Hollywood » de Saint-Genest-d’Ambière, aux portes de Lencloître, sera vraisemblablement demain, avec une production qui va encore doubler dans les deux ans, l’un des plus importants lieux de fabrication de la pâte à mâcher, certainement le plus moderne sur le marché international. La nouvelle qui est tombée hier le confirme : après la première implantation en pays châtelleraudais au cours des années 85-86, va s’adjoindre à l’unité actuelle une délocalisation de l’usine « Kréma » de Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) datant de 1930 et considérée comme ne pouvant plus répondre aux objectifs de l’heure en matière de productivité et de qualité.
Réorganisation. Il faudra cependant être patient dans la mesure où vient tout juste de s’engager un processus long avec plan social, réunions des comités centraux de l’entreprise parisienne et négociations, le tout devant durer deux ans. Il apparaît probable cependant que, parallèlement, les travaux débutent très rapidement sur un chantier où seront investis 254 millions de francs… soit près du double - à l’époque 140 millions de francs - de ce qui avait été consacré à la première usine.
La logique d’un choix
L’installation à Saint-Genest résulte d’une logistique de groupe qui s'appuie sur deux points principaux :le vieillissement des bâtiments et des machines de Montreuil et le bon fonctionnement de l’unité Saint-Genest qui, dès l'origine, a été dotée des outils et d’automatismes les plus performants. Ici, la plupart des tâches sont effectuées par les machines ce qui permet une meilleure qualité au niveau de la fabrication et de l’hygiène. De plus, les conditions de travail, même si l’on a instauré un poste de nuit depuis quelque temps, ont été prises en compte, notamment au niveau du bruit et des travaux de force, quasi-inexistants. Et même si c’est dit de façon plus confidentielle on a apprécié « l’état d’esprit » d’une zone rurale où les habitants sont sérieux dans le travail, où les revendications sont rares.
A terme et pour compléter la gamme chewing-gum cent trente-cinq emplois seront créés, en grande partie pour la population locale et du département, même si le transfert sera proposé à quelques-uns des deux cent soixante-neuf salariés parisiens. C’est bien dans ce sens que l’ont entendu les élus, lesquels, réunis mercredi dernier à la sous-préfecture de Châtellerault, n’ont pas opposé de fin de non-recevoir à la demande qui leur était faite par les dirigeants d’Hollywood : à savoir le financement d’une aide de 24 millions de francs, la moitié à la charge de l’État, l’autre pour la région et le département. Cet investissement lourd sera en partie récupéré par les taxes locales, un million de francs par an les cinq prochaines années, le double ensuite mais aussi par la richesse engendrée dans la mesure où l’on espère bien qu’après le CNED ou le Trésor, cette délocalisation d’une entreprise privée entraîne quelques autres dans son sillage... parfumé.
Claude Aumon
Le groupe Phillip Morris
A côté de quelques autres, l’usine de Saint-Genest-d'Ambière est l’une des entreprises de production du secteur confiserie de Kraft General Foods France. Un groupe qui a réalisé 6,3 milliards de francs chiffre d’affaires en 1991, emploie 2.700 personnes et est propriétaire de marques aussi connues que Milka, Suchard, Côte d’Or ou Toblerone pour le chocolat ; Hollywood, Malabar, Tonigum pour la pâte à mâcher ; Jacques Vabres, Mawxell, Grand-Mère côté café ; Kréma et quelques sous-marques pour les bonbons.
General Foods France qui s’inscrit dans une constellation, General Foods International présent dans des dizaines de pays et qui n’est elle-même qu’une partie de l’empire Phillip Morris, second groupe mondial.
Grogne à Montreuil-sous-Bois
Le départ de l’usine Kréma de Montreuil-sous-Bois pour la Vienne suscite en région parisienne de vives réactions de la part de la CGT et du maire communiste de la commune.
« On privilégie une fois de plus la finance par rapport aux travailleurs », constate la CGT. En effet, les 269 salariés de l’usine de Montreuil sont menacés de licenciements. Trente ou quarante seulement pourraient être repris à Saint-Genest, les autres étant des embauches nouvelles sur place.
De son côté, le maire de Montreuil-sous-Bois a décidé d’alerter le ministre de l’Industrie pour « empêcher un désastre ».
Photos : Saint-Genest sera sans doute l’un des plus importants lieux de fabrication de pâte à mâcher du marché
le 16/12/2024 à 13:31
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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