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0149004/10/1926POITIERS

LA QUESTION DU PAIN - CRÉATION D'UN OFFICE DU PAIN

Le Conseil municipal de Poitiers s’est réuni samedi soir, en commission générale, sous la présidence de M. Morain, maire.

21 membres étaient présents.

M. Viaux a rendu compte de l’étude à laquelle il venait de se livrer en vue d’aboutir à une diminution du prix du pain et du résultat des démarches faites auprès des minotiers et des banquiers de Poitiers et du département.

Le concours des banques

La question posée aux banquiers de notre ville était la suivante :

« Pouvez-vous faire une ouverture de crédit à un Office du pain qui aurait la garantie totale de la Ville ? A quelles conditions ?

Si tous les établissements ont réservé à l’administration un accueil favorable, il est juste de dire que deux banques de Poitiers ont paru s’intéresser tout particulièrement au projet qui leur était soumis, et que l’ouverture de crédits de durée illimitée a paru soulever certaines objections.

Au cours de ces pourparlers, diverses suggestions ont été envisagées et mises à l’étude :
a) émission de bons à court terme à 7 % remboursables fin 1927 ;
b) émission de billets à ordre à 3, 6, 9 ou 12 mois à 7 % payables d’avance (pas d’impôt), effet commercial négociable ;
c) dépôt de fonds portant intérêt à déterminer (plus élevé que celui des Banques) avec possibilité de retrait avec préavis limité.

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L’acceptation des boulangers

Avant même de poursuivre les pourparlers il était intéressant de connaître l’opinion des boulangers.

Leur syndicat s’est réuni vendredi et à l’unanimité les membres présents ont donné une adhésion de principe au projet municipal ajoutant même qu’ils étaient prêts à consacrer leurs disponibilités à la marche de l’affaire.

L’Office du pain

Après avoir fait connaître les premiers résultats de ses démarches M. Viaux a fourni les renseignements détaillés sur le fonctionnement de l’Office du pain qu’il s’agit de créer.

L’Office du pain serait une sorte de coopérative d’achat des boulangers recevant l’appui et acceptant le contrôle de la ville de Poitiers.

Les boulangers acheteurs de farine municipale, adhéreraient à l’Office et paieraient un droit d’adhésion de principe (100 - 500 francs), s’engageraient à prendre la totalité des farines qui leur seraient nécessaires ou une quantité qui ne saurait être inférieure à la moitié de leurs besoins déterminés au moment de l’adhésion.

La Ville serait représentée par un membre de l’Administration Municipale, deux ou quatre consommateurs choisis parmi les membres du Conseil municipal soit hors de l’Assemblée Communale.

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La garantie de la Ville

La Ville de Poitiers donnera à l’Office du pain sa garantie morale et financière et prendra à sa charge tous les aléas.

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La présence d’un représentant de la Ville à la tête de l’Office supprime tous les aléas qui trouverait sa cause dans des marchés de spéculation. L’Office s’interdirait tous achats de spéculation et s’en tiendrait à assurer l’approvisionnement normal et régulier du moulin.

Le seul aléa à envisager c’est le cas d’un boulanger qui ne paierait pas ses fournitures. Or l’Office ne fera qu’un crédit limité à quinze jours. La perte ainsi causée (au maximum 20.000 francs) pourrait aisément être récupérée, le chiffre d’affaire annuel de l’Office devant être de 12 à 14 millions. Ce n’est donc pas à proprement parler un aléa pour la Ville.

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Le fonctionnement de l’Office

M. Viaux pose en principe qu’il n’y a pas à limiter à la seule ville de Poitiers les adhésions à l’Office, étant entendu toutefois que la Ville a la priorité des fournitures et que la garantie de la Ville ne joue que pour les boulangers de Poitiers.

A l’appui de cette affirmation le rapporteur fait observer que l’augmentation de la production diminuera les frais généraux et par suite le prix de la farine et que des accords particuliers avec les communes voisines pourront assurer plus facilement le ravitaillement en blés.

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Le meunier ne devra travailler que pour l’Office.

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Le choix du moulin

La Municipalité a recherché une installation moderne, à proximité de Poitiers et dans un centre de production. Le jour où son choix sera définitivement arrêté, deux systèmes d’exploitation seront en présence : la régie directe ou la mouture à façon.

La régie directe exige la compétence industrielle de l’Office, condition essentielle d’une production rationnelle et d’un contrôle efficace.

La mouture à façon laisse à l’industriel ses responsabilités.

Le rapporteur estime que ce second système serait préférable, tout au moins au début.

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Les avantages du projet

Résumant ses propositions M. Viaux affirme que grâce à l’Office nous aurons à Poitiers une meilleure organisation du marché du pain en même temps que disparaîtront toutes difficultés entre la Municipalité et les boulangers.

Quant aux consommateurs, grâce à la sensible réduction des frais généraux, à la suppression du courtage pour la vente des farines, à la suppression partielle du bénéfice industriel et de la taxe sur le chiffre d’affaires, ils bénéficieront d’une diminution du prix du pain de dix centimes par kilo ce qui représente environ 1 million d’économie pour l’ensemble des consommateurs poitevins.

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(…) par 17 voix et 4 abstentions le principe du projet est adopté.

Le rapporteur a été ensuite charge de continuer – officiellement cette fois – les négociations avec l’un des minotiers et avec les banques et de préparer la rédaction des contrats à intervenir.

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le 03/06/2020 à 17:53

Source : L'Avenir de la Vienne

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