1509730/04/1993CHATELLERAULT
Pour le 1er Mai, la CGT présente à Châtellerault une fresque édifiante sur les luttes ouvrières dans l’entreprise
En prévision de son centenaire de 1995, la CGT a réalisé une fresque historique sur la Manufacture d’armes de Châtellerault qui sera présentée au cours de l’après-midi du 1er mai dans cette ville. Elle met en évidence les plus belles pages des luttes ouvrières de cette entreprise d’État et la part prépondérante prise par les « Manuchards » dans la Résistance.
C’est à un retraité de la « Manu », Robert Larcher, que l’on doit la partie écrite. Il a fait appel naturellement à ses souvenirs et s’est inspiré des ouvrages publiés sur le sujet. Premier rappel qui n’est pas sans intérêt dans la ville même de Mme Cresson dont on retient de son passage à Matignon un vaste programme de délocalisations : c’est par une décision de cette nature que la manufacture d’armes implantée en Alsace-Lorraine arriva à Châtellerault en 1819. « L’emplacement fut choisi, rapporte Robert Larcher, en raison de la situation géographique de la ville à la limite du nord et du sud, avec sa rivière la Vienne qui constitue un important moyen de communication reliant Châtellerault à l'Atlantique ». Le personnel manifesta dès le départ une ardeur revendicative qui permit, par exemple, au siècle dernier l’embauche d’ouvriers couteliers au chômage et l’ouverture d’une école d’apprentissage.
Venu inaugurer le chemin de fer dans les années 1880, le prince-président Napoléon III put lui-même en juger en entendant les « manuchards » crier sur son passage : « A bas le président, vive le social ! ».
Pendant la guerre 1914-1918, l’établissement devait répondre aux besoins de la Défense nationale en multipliant sa production de fusils et de canons : il employa alors jusqu'à 7.500 personnes dont 350 Indochinois.
Fusillés sur la butte de Biard
Les années 30 avec l’avènement du Front populaire laissent le souvenir d’une époque exaltante. Avec aussi, hélas, les premiers signes de la montée du fascisme. Les ouvriers et ouvrières de la « Manu » prirent toute leur part de la lutte et la guerre déclarée, en 1939-1945, c’est tout naturellement qu’ils s’investissent dans la Résistance. Robert Larcher qui a personnellement vécu cette époque ainsi que son épouse évoque avec émotion les sacrifices de ses camarades fusillés à la butte de Biard. « Que leurs noms sont difficiles à prononcer ! » confesse-t-il.
En 1945, voici de nouveau l’horizon dégagé. Notre historien donne beaucoup d’importance au programme du Conseil national de la Résistance qui fut alors appliqué, notamment sur le plan social, avec le retour aux quarante heures, la garantie du pouvoir d’achat grâce au SMIG, la sécurité sociale, la retraite à 60 ans... Sous l’impulsion de Charles Tillon ministre de l’Armement, la « Manu » élargit alors son activité à des fabrications civiles : c’est ainsi que la panoplie s’enrichit du fusil de chasse, de machines-outils, d’appareils pour dessinateurs, de matériels pour les Houillères du Nord...
Hélas, cet essai de reconversion ne suffit pas sauver l’entreprise. Le 31 octobre 1968, elle disparaissait corps et biens et les anciens qui aiment à se retrouver le samedi au marché voisin de Châteauneuf rêvent tout haut à ces pages d’histoire écrites à la force du poignet.
Michel Lévêque
Présentation de la fresque sur la Manufacture d’armes samedi 1er mai à 14 h 45, au musée de l’auto, rue Creuzé à Châtellerault.
Photos : Le comité de défense de la Manu, quinze jours avant la fermeture. De gauche à droite : Henri Bourdeau, président ; P. Augras (aujourd’hui décédé), trésorier et Albert Hilaire, secrétaire - Grève de deux heures le 25 décembre 1949. Sur notre photo la délégation CGT-CFTC
le 18/01/2025 à 17:25
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org