1510103/05/1993CHATELLERAULT
Des centaines de spectateurs on redécouvert - et en partie revécu - un siècle et demi de luttes syndicales au côté de la CGT à Châtellerault
Ce sont des centaines de visiteurs qui ont souscrit, en ce 1er mai 1993, à l’initiative de l’Union départementale CGT et lui ont conféré un indéniable succès. La foule, comme la manifestation, comportait son noyau fixe et sa partie mobile au sein de cette manufacture ressurgie de ses cendres pour présenter une grande exposition rétrospective doublée d’une évocation sur scène.
Sur le pourtour de l’immense bâtiment où bruissaient, jadis, les machines-outils, avaient été déployés de nombreux panneaux, supports de photos, coupure de presse, témoignant des combats menés au cours des décennies dans les différentes entreprises. Au côté de l’EDF, de l'hôpital, de la collectivité communale, deux foyers incandescents : Domine et Snecma. Les comptes rendus des derniers meetings, prenaient place sans solution de continuité, dans la chaîne ininterrompue de l’information syndicale dispensée, à l’origine, sur de modestes feuilles, aujourd'hui jaunies par le temps. Cette action syndicale était elle-même remémorée dans son contexte. Dans les périodes de crise nationale, le syndicaliste et le citoyen se confondent. Nulle part ailleurs que dans cette Manu, foyer de résistance, on ne peut mieux en prendre conscience.
Le message du secrétaire confédéral
Ces connotations du syndicalisme local et du patriotisme sont encore plus évidentes sur la scène où l'on voit des militants des diverses générations participer à une vaste liturgie. Livrant par tranches l’histoire de la Manufacture, de 1920 à 1945, ils font alterner leur récit avec les chants d’une artiste bien connue - elle-même accompagnée par l’accordéoniste S. Ducoudray – Nicole Sudres. Sa voix très mure ponctue d'une vibrante « Internationale » les événements de 1936, anoblit avec les couplets de Prévert et d’Aragon, d’obscurs combats, tandis qu’un « Chant des Partisans » poignant fait écho à l’héroïsme des résistants qui, dans ces lieux mêmes, firent éclater leur révolte en entonnant la « Marseillaise ».
En exergue, Michel Juteau, secrétaire de l’Union locale prononçait un mot de bienvenue dans cette Manu « radeau à jamais échoué au bord de la Vienne » et cédait le micro aux représentants départemental et national de la CGT. Il appartenait à M. Martin de replacer cette fresque (cent cinquante ans) dans le grand dessein cégétiste de reconstituer son histoire dans la perspective de son centenaire en 1995. Sans doute aussi a-t-elle besoin de démontrer qu’elle reste « une puissante force organisée face aux tentatives de divisions » explique-t-il et cela, à un moment où la nécessité du combat syndical se fait plus que jamais sentir. Le message central fut cependant celui de Maurice Lamoot, secrétaire confédéral et récent interlocuteur de Matignon. « Il ne s’agit pas pour nous de cultiver la nostalgie déclare-t-il. Nous voulons connaitre notre histoire pour mieux nous approprier notre avenir. Au sein de cette Manu et dans cette ville de Châtellerault nous retrouvons des repères de notre histoire profonde... ».
Il analyse ensuite la situation actuelle avec sa récession, ses cinq millions de citoyens sans emploi, la volonté des patrons, enhardis par le retour de la droite, de pousser les feux. Il réaffirme la résolution de la CGT (attachée à la lutte des classes non par idéologie mais réalisme), puis il lance quelques fortes formules : « Jamais le progrès social n’a résidé dans l’asservissement, la résignation, la fatalité…, l’Histoire se fait par et pour les hommes ».
Photo : Une journée, la Manu a ressurgi de ses cendres. La foule avait répondu au rendez-vous
le 19/01/2025 à 09:14
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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