1510906/05/1993POITIERS
Les pires inquiétudes planent sur l’avenir de Télémécanique à Chasseneuil. On évoque la fermeture de l’usine et le licenciement des trois cent quarante employés !
Mourir à vingt ans ? Qui accepterait cela, pour soi-même ou ses proches ? C’est pourtant le sort encore inavoué qui plane au-dessus de l’usine Télémécanique de Chasseneuil, une entreprise où on fabrique des contacteurs électromécaniques, implantée il y a juste vingt ans. C’était alors le fruit d’une décentralisation dans le cadre d’un développement significatif de cette déjà très grande maison à la culture d’entreprise si particulière.
Aujourd’hui, les pires inquiétudes planent sur l’établissement de Chasseneuil puisque les syndicats parlent carrément d’une fermeture pure et simple de l’usine et du licenciement sec des 340 employés. Du côté de ces derniers, on ne comprend pas. Ou plutôt, on comprend trop : depuis que Télémécanique a été repris par le groupe Schneider, rien ne va plus ! Une espèce de débâcle industrielle que les gens de Télémécanique n’acceptent pas. Un dégoût total face à ce qu’on a fait de leur boîte qui était un modèle du genre.
Car lorsqu'on rentre chez Télémécanique, on ne pénètre pas dans n’importe quelle entreprise. Les ouvriers eux-mêmes se chargent de vous mettre en avant les différences : meilleurs salaires qu’ailleurs, avancées sociales qui ne datent pas d’hier (intéressement du personnel depuis 1925, deux semaines de congés payés depuis 1931, etc.), horaires variables, formation... Bref, un exemple dans le genre où le travail, selon une certaine philosophie des créateurs, s’il est un moyen de production peut être aussi un moyen d’épanouissement. Une ouvrière nous disait hier Télémécanique, on vient travailler mais ce n'est pas une contrainte comme ailleurs ! ».
Décision lundi
Chez Télémécanique, on n’accepte donc pas que, par le biais d’une OPA qui avait fait grand bruit en 1988, la maison soit littéralement saccagée. Touche pas à ma boîte !
Le sort des trois cent quarante personnes ? Il est suspendu a un comité central d’établissement qui se tient lundi prochain 10 mai. A l’ordre du jour une ligne sibylline : « Situation économique et compétitivité de l’entreprise, conséquences globales sur l’organisation de l’emploi ». Derrière ces mots réside toute l’inquiétude car depuis que Télémécanique a intégré Schneider, la casse n’a cessé. Un tract fait le point à ce propos avec deux colonnes positif - négatif. A gauche, rien ! Dans le négatif : fermeture de plusieurs établissements en France, des transferts, des cessations d’activités, des licenciements, des remises en cause de primes, un développement intensif de la sous-traitance.
« Quand nous avons été rachetés, explique-t-on côté Force ouvrière qui est majoritaire à Chasseneuil, nous étions riches. Aujourd’hui, nous sommes accablés de dettes et Didier Pineau-Valencienne, le patron du groupe Schneider a été sacré meilleur manager de l’année en 199 ! ». Et pourtant, l’établissement de Chasseneuil avait connu ses heures de gloire en 1974-75 avec plus de 700 personnes !
Terrible ironie du sort, le personnel avait arrosé les vingt ans de l'établissement de Chasseneuil samedi dernier. « La date était fixée depuis longtemps, on n’allait pas tout annuler ».
Laurent Bertagnolio
Photo : Réunion des syndicalistes Force ouvrière hier. Télémécanique, la fin de l’établissement de Chasseneuil dont on a fêté les vingt ans samedi dernier ?
le 19/01/2025 à 11:21
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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