1511207/05/1993POITIERS
Tout le monde est bien d'accord : il faut faire quelque chose pour Télémécanique. Mais est-ce encore possible malgré la mobilisation générale des élus ?
Depuis hier et suite aux rumeurs profondément alarmistes, la mobilisation est bien générale autour de Télémécanique Chasseneuil. Dans notre édition d’hier, nous expliquions comment il est question de fermer l’établissement implanté là il y a tout juste vingt ans, et de licencier la totalité du personnel soit trois cent quarante personnes.
Cette terrible nouvelle s’est fait jour alors même que le comité central d’établissement doit avoir lieu lundi prochain au siège à Rueil, en région parisienne et que ce n’est sans doute vraiment qu’à cette date qu’on en saura plus.
Hier, pour protester contre cette menace qui touche une entreprise jugée jusqu’alors comme un véritable modèle social, le personnel a donc fait grave dans son ensemble tandis que d’autres établissements en France (qui seraient également touchés dans le cadre d’un vaste plan de restructuration) suivaient le mouvement.
Réunion ce matin à Chasseneuil
Hier après-midi, les élus locaux ont joué carte commune en se rendant à l’entreprise – Éric Duboc, député ; Jacques Santrot, président du district de Poitiers ; Alain Claeys, conseiller régional et général ; Pierre Giret, maire de Chasseneuil – pour apporter leur soutien aux « Télémécaniciens ». De son côté, le conseiller général du secteur, Francis Girault, qui avait eu un contact avec René Monory et André Barbé, secrétaire général de la préfecture, apportait lui aussi l’assurance de faire remonter le problème au ministère de l’Industrie. Enfin, on apprenait hier soir que le président du département avait rencontré lui, le président du groupe Schneider (dont fait partie Télémécanique), Didier Pineau-Valencienne.
C’est ce dernier que les grévistes fustigaient encore hier sur le perron de Télémécanique. Cet homme qui, selon eux, a cassé leur boîte pour en faire la moribonde d’aujourd’hui et avait été sacré meilleur manager de l’année en 1991 par Édith Cresson. Une pilule qui est très mal passée dans leur esprit alors qu’aujourd’hui même le maire de Châtellerault (qui fit partie du groupe Schneider) reçoit une délégation de l’entreprise dans l’après-midi.
Mais la nouvelle du jour réside sans doute dans la tenue d’un comité d’établissement ce matin même à Chasseneuil, provoqué par la précipitation des événements, et qui réunira des membres de la direction générale venus de Paris et de la direction régionale, d’Angoulême. Peut-être, dès ce midi en saura-t-on plus sur le sort réservé à l’usine de Chasseneuil alors qu’hier, un communiqué de la direction générale mentionnait qu’elle n’annoncera pas de fermeture d’usine en Charente et que c’est la conjoncture qui est responsable d’un tel état de fait avec un recul des prises de commandes de 16,2 % au premier trimestre par rapport à l’an dernier même date.
Reste qu'il sera difficile de faire entendre une version catastrophe aux « Télémécaniciens » qui estiment haut et fort qu’on a cassé l’esprit, puis cassé leur maison alors qu’ils ne savaient même pas ce qu’était une grève jusqu’à hier’
Laurent Bertagnolio
Photos : Hier après-midi, brochette d’élus de tous bords : Eric Duboc, député ; Jacques Santot, président du district de Poitiers ; Alain Claeys, conseiller régional et général, sur notre photo, face aux grévistes qui défendent leur entreprise
le 19/01/2025 à 14:11
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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