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1512218/05/1993CHATELLERAULT

DOMINE NAINTRÉ DÉPOSE SON BILAN

Une solution de sauvegarde après des résultats catastrophiques. Les salariés sont descendus pacifiquement sur la Nationale

Image insolite et qui en rappelait d’autres, mais inversées, ce lundi matin, à Naintré, nationale 10, lorsqu’on vit des salariés, en bleu de travail, arrêter un tracteur agricole pour proposer un tract à son conducteur. Une manifestation en forme de filtrage et d’information, mais qui aura exclu toute « prise en otage » des automobilistes, ainsi que cela s’est vu dans le passé, et en d’autres lieux.

Simplement, l’expression immédiate d’un mécontentement et d’une angoisse bien réelle : ce lundi matin, au cours d’un conseil d’administration de l’entreprise Domine, à Naintré, les délégués du personnel ont appris que la direction allait déposer le bilan de l’unité, ce qui sera tout à fait officiel, après enregistrement au tribunal de commerce de Châtellerault, ce mardi.

Résultat d’une conjoncture désastreuse, selon la direction et le P-DG, M. Gaude, ainsi que le sous-préfet, M. Guy Roth et comme nous nous en étions fait l’état il y a quelques jours… Ou manque de voyance et abandon, ainsi que l’évoque la CGT, les faits sont cependant là, qui mettent en péril dans un bassin châtelleraudais déjà particulièrement touché par le chômage, quelque cent-vingt emplois.

« Créneau valable et bons produits »

Pour le syndicat majoritaire, qui attend avec une relative sérénité la nomination d'un administrateur judiciaire, il est hors de question maintenant de voir les mêmes personnes continuer à gérer l’entreprise. Et de noter que, depuis le départ d’Elf Aquitaine « 14 millions de francs qui avaient été alloués pour des investissements n'ont pas été consacrés à développer l’unité ». Ils soulignent, « Le créneau est pourtant valable et nous fabriquons de bons produits. Il nous faut seulement une vraie solution industrielle et c'est pourquoi nous demandons, à nouveau, la tenue d'une table ronde avec tous les partenaires sociaux et les élus qui se sont impliqués dans le rachat de Domine par la Sofilding ».

De l’autre côté, si la direction est « en réunion », le sous-préfet qui a été associé à la prise de décision après la première restructuration qui avait eu lieu, il y a quelques mois, entraînant le licenciement de vingt-six personnes, remarque que, d’une part : « Il ne s’agit pas d’un dépôt de bilan de catastrophe, ce qui laisse du temps pour la réflexion et la recherche d’éventuels partenaires ». Mais que, d’autre part, « à terme, la situation serait devenue intenable ». Et de souligner que, face à l’absence de commandes et de chiffre d’affaires - les très fortes pertes de l’an passé se sont amplifiées depuis six mois - qui a grevé lourdement les fonds propres, la solution ne pouvait passer que par les apports de nouveaux actionnaires.

« Malheureusement, nous a-t-il indiqué, avec les mesures prises par le nouveau gouvernement, le secteur travaux publics, principal commanditaire chez Domine ne donnera pas d’ordres importants avant fin 1994-95.

Dans ce sens, dans les jours qui viennent et si personne ne vient au secours de l’entreprise, on reparlera à nouveau d’une restructuration qui pourrait toucher la moitié de l’effectif actuel.

Mais, d’ici là, les salariés et la CGT ont indiqué qu’ils seraient omniprésents sur le terrain, à la table de négociations, pour interpeller les politiques et dans la rue !

Claude Aumon

Photo : Les salariés de Domine filtrent les voitures au rond-point « Domine »

 

 

le 20/01/2025 à 13:51

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

restructuration, emploi, manifestation, justice

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