1513608/06/1993CHATELLERAULT
Après le dépôt de bilan, une restructuration qui fait mal. Et hypothèque l’avenir de l’unité
Il y a quinze jours, les salariés de l’entreprise Domine Naintré, spécialisée dans la fabrication de machines à vendanger et le matériel de forage de puits d’eau et pétrole, descendaient dans la rue pour appeler à la réaction des pouvoirs publics après l’annonce du dépôt de bilan de l’unité. Un moment d’union, pour les salariés, d’espoir malgré tout, avec celui que l’on plaçait alors dans l’administrateur judiciaire qui devait être nommé, d’un repreneur éventuel qui mettrait fin à de longs mois d’angoisse.
Ce lundi 7 juin, la douche est d’autant plus froide à l’annonce, pour les délégués du comité d’entreprise, d’un plan de restructuration plus grave encore que ce qui pouvait être imaginé : sur les cent vingt-quatre emplois que compte l’usine, ce sont soixante-dix qui devraient disparaître, autant de licenciements et un avenir hypothéqué pour un établissement qui était, il n’y a pas si longtemps, la gloire industrielle de la commune de Naintré.
Tous touchés
Au niveau des activités, après le secteur des machines à vendanger, qui a été vendu il y a peu à une entreprise du Sud, le plan qui sera présenté ce vendredi aux représentants des salariés évoque le passage en sous-traitance de deux activités traditionnelles, la mécanique et la mécano-soudure. Autant dire qu’il restera peu pour Naintré, sinon le montage des matériels de forage ce qui, pour le délégué syndical « met en péril l’avenir de l’entreprise à long et même à moyen terme ».
Tous les salariés seront touchés, qu’ils appartiennent à l’une ou l’autre des catégories, puisque sont envisagés les licenciements de trois cadres, trois agents de maîtrise, huit techniciens, six employés, quarante-sept ouvriers. Ce à quoi doivent s’ajouter un congé de conversion, deux préavis de licenciements posés dans le cadre des machines à vendanger, un contrat à durée déterminée… Lequel concernerait la seule personne, selon les délégués, capable de travailler le dessin avec l’assistance ordinateur.
Il ne resterait donc bientôt, si le plan est accepté, ce qui malheureusement ne laisse guère de doute, que cinquante-deux salariés sur les cent vingt-quatre que compte l’unité actuellement et les cent quatre-vingts qu’elle pouvait afficher, à l’heure de la reprise par la Sofilding. Le personnel estime avoir été floué depuis cet épisode économique et l’abandon de l’unité par Elf. Et ses représentants ne manquent pas de poser question quant aux prises de décisions des pouvoirs publics, qui allaient tous, alors, dans le sens de la reprise qui a eu lieu… Aussi sur la gestion de fonds, plus d’un milliard de centimes, qui n’auraient pas été utilisés, selon la CGT, comme cela aurait dû être, pour améliorer la compétitivité.
A l’heure où les délégués rencontraient le sous-préfet Guy Roth, hier soir, l’avenir s’annonçait carrément sombre, dans la mesure où nous indiquait-on, « il n’y a pas de trésorerie, rien pour faire face à des dettes importantes, aucune mesure industrielle pour répondre aux besoins, demain ». Cela alors qu’il ne restera pratiquement plus d’ouvriers sur le site, environ vingt-cinq contre un peu plus de « non productifs », et que l’on voit mal l’entreprise naintréenne se situer sur un marché où la concurrence existe, alors qu’elle ne sera plus guère qu’une grande surface vendant des produits fabriqués ailleurs.
Claude Aumon
le 20/01/2025 à 15:03
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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