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L’ex-patron devenu directeur de son ancienne entreprise prend sa carte à la CGT pour agacer les repreneurs

Les temps sont durs pour tout le monde ! Y compris pour les syndicats qui souffrent, dit-on, d’une certaine désaffection. Heureusement, la relève est là du côté des adhésions et pas forcément où on l’attend.

Ainsi a-t-on appris que ces jours derniers, un « dissident » du patronat avait pris sa carte d’adhésion à la CGT, syndicat pas particulièrement connu pour défendre les intérêts de la classe dite dirigeante. L’histoire mérite évidemment d’être racontée et nous ne résistons pas à la tentation de le faire.

A Availles-Limouzine, la grosse entreprise, c’est la boulangerie industrielle qui emploie près d’une centaine de personnes. Depuis deux ans, le fondateur, Jean Nault, a cédé son enfant - né en 1961 et en pleine croissance depuis cette date – à un groupe Tourangeau, Centre pain. En accord avec les repreneurs, il est resté le directeur de l’usine d'Availles-Limouzine et, semble-t-il, tout s’est bien passé jusqu'à ces derniers mois où côté personnel, ça a commencé à renâcler pour des questions de salaires et de conditions de travail.

 

Dans le même temps, la comptabilité filait en Touraine et la maison Nault d’Availles était reléguée au rang d’une unité de production comme d’autres au sein du groupe. Processus normal mais qui n’a pas été forcément du goût de Jean Nault qui, malgré sa passation en bonne et due forme, se sentait alors complètement dépossédé.

D’où quelques malentendus entre l’ancien et les nouveaux patrons. Malentendus qui ont fait que le premier a pris sa carte à la CGT pour embêter les seconds. Na !

Seulement voilà, côté CGT, on a eu quelques émois : tout de même, récupérer un (ex) patron dans ses rangs… Cela dit, Francis Martin, le secrétaire de l’Union départementale, est parfaitement à l’aise pour en parler. « Peut être adhérent à la CGT tout salarié pouvant présenter une fiche de paie. Cela dit, nous nous sommes posés des questions : c’était tout de même l’ancien patron. Après vérifications, nous avons constaté qu’il était effectivement salarié de l’entreprise. Toutefois, en tant que syndicalistes, nous avons demandé au syndicat de l’entreprise de se prononcer et les syndiqués CGT ont pensé à une large majorité, que l’ancien patron pouvait être syndiqué chez nous ».

Mais l’ex-patron désormais cégétiste - il paiera 1 % de son salaire de cotisation comme les autres syndiqués de la centrale - sera assimilé cadre à l’Union générale des cadres, ingénieurs et techniciens CGT… « On aurait pu refuser en se basant sur son étiquette de patron mais il est salarié et c’est un cadre qui a des difficultés avec son employeur ! ». De là à dire que le malaise ira croissant

Laurent Bertagniolio