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Pas encore le retour aux grands rassemblements. Mais les manifestants ont retrouvé un accent combatif dont on avait un peu perdu l’habitude

Ils (elles) étaient plus de trois cents, massés hier soir, entre les grilles de la préfecture à Poitiers et les bassins fleuris de banderoles.

Mais la protestation s’est révélée beaucoup plus importante, au cours de la journée, au travers d’actions et de débrayages conduits dans différentes entreprises et administrations du département. Un mot d’ordre de rigueur : « Contre le chômage. Pour l’arrêt des licenciements ».

Cette journée de protestation décrétée à l’initiative de Force Ouvrière et de la CGT, également suivie par les sympathisants du MODEF, de la Coordination rurale et de la Fédération syndicale unitaire, n’avait reçu ni l’adhésion de la CFDT, ni celle de la CFTC. Ce qui valut notamment à la centrale de Nicole Notat une violente diatribe d’Alain Barreau, secrétaire de l’Union départementale FO allant jusqu’à taxer l’état-major cédétiste de « nager à contre-courant » et de jouer les « briseurs de mouvements ». On sait que la CFDT préfère organiser une semaine d’action « branche par branche en prélude au meeting confédéral prévu, à Paris le 15 octobre. « Toute gesticulation va à l’encontre des buts recherchés. (...) Laisser croire que tout sera donné comme au bon vieux temps de l’État-providence, ce serait tromper ceux que nous représentons et exclure un peu plus les autres ». La CFDT était néanmoins partie prenante de l’action à France Télécom.

Pour le secrétaire de l’Union Départementale CGT, Francis Martin, « il y a ceux qui ont perdu leur emploi, ceux qui courent de contrat en contrat, pris à la gorge par les échéances de loyers, de charges, de dettes et puis il y a ceux qui, déjà, sont en marge totale. Il y a dans les entreprises et administrations, une poussée, une organisation de la « trouille » par les employeurs. On nous annonce un prochain plan quinquennal « protection sociale » meurtrier et là encore, les patrons veulent pousser les feux ». Francis Martin croit toujours aux vertus du pluralisme syndical. « Il est une richesse, dit-il, s’il ne tourne pas à la division car, dans ce cas, il devient une tragédie ». Alain Barreau (FO) estime que, depuis vingt ans, « les gouvernements ne cessent d’offrir des cadeaux au patronat (...). Nous refusons toute régression sociale car il est hors de question d’en revenir au temps de la féodalité, des suzerains et des vassaux. Mais gare au jour où les sans-espoir se joindront à nous pour se rebeller contre toutes les atteintes à la dignité ».

De grève en débrayage

Suite aux préavis de grève nationaux déposés par la plupart des centrales syndicales, le mouvement, dans la Vienne, a été diversement suivi. Quelques points.

• La Poste : dix tournées pas assurées - Au niveau de la Poste de la Vienne, on note 13 % de grévistes dont une majorité dans les centres urbains, au service des guichets. A la distribution, la zone rurale a été la plus affectée avec 24 % de grévistes. Sur Poitiers centre-ville, 85 tournées sur 95 ont été assurées. Au centre de traitement du courrier de Poitiers-Biard, les pourcentages sont plus importants : 81 % de grévistes en service de nuit, 64 % en service de jour.

S’agissant du courrier, la situation devrait se normaliser d’ici la fin de cette semaine. En effet, dès aujourd’hui mercredi, l’essentiel des tournées devraient être effectuées

• SNCF : un train sur trois - Action massivement suivie chez les roulants (80 %). Un train sur trois a circulé. En revanche les débrayages furent plus modestes au sein des autres catégories de personnels (20 % en moyenne).

• EDF : 50 % de grévistes et « l’Internationale » en voiture - Très remarquée, la voiture cégétiste diffusant « l’Internationale » en ville de Poitiers par haut-parleur, pour appeler à la manifestation devant la préfecture.

• France Télécom : la plus forte - Avec 77,50 % de grévistes, les agents et cadres de France Télécom Poitou-Charentes ont affirmé leur « opposition au projet du ministre Gérard Longuet visant à la transformation du statut de France-Télécom en société anonyme ». Cette participation est la plus forte jamais enregistrée dans la région. Autre originalité, la CFDT s’était associée, ici, au mouvement.

• Coordination rurale : dans le sillon avec le MODEF - La Coordination rurale a participé à cette journée. Les deux organisations agricoles « condamnent la politique de casse de l’emploi et des acquis sociaux qui frappe également les familles paysannes et aggrave les difficultés de l’agriculture en réduisant le pouvoir d’achat des consommateurs ».

Photo : Un peu plus de trois cents manifestants hier devant les grilles de la préfecture