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En signant accords et protocoles, la CFDT, à travers l’association « Avenir », innove dans les relations économiques et sociales régionales

L’insertion des diplômés et non diplômés, l’orientation, la gestion des emplois dans les PME-PMI, tous les acteurs de la vie économique du Poitou-Charentes en connaissent les difficultés. Et nombreux sont ceux qui tentent de faciliter les choses, de mettre en rapport futurs ou ex-salariés avec le monde du travail, comme les associations intermédiaires. Mais œuvrer chacun dans son coin n’est pas forcément la meilleure des solutions, même si certaines mises en contact peuvent bénéficier à quelques-uns.

Améliorer les conditions de travail

« Il est temps de se tendre la main » pense pour sa part la CFDT qui a créé, avec d’autres partenaires comme des organisations syndicales de salariés, des chefs d’entreprises, des organisations professionnelles, l’ANPE, mais aussi le préfet, le conseil régional et la direction départementale du Travail, une structure aux objectifs multiples. De 1991 à 1993, l’association « Avertir », tel est son nom, a travaillé sur la gestion prévisionnelle des emplois en expérimentant un partenariat actif entre entreprises et salariés, notamment à la SAFT et Séjalon dans la Vienne, Mil’baie, Suire et Rousseau en Deux-Sèvres.

Un travail rendu possible grâce à la région qui a su ouvrir la porte aux socio-professionnels dans le triptyque territoire-acteurs-projets, reconnait France Joubert, responsable de l'Union régionale CFDT et président d’Avertir. Un homme d’autant plus heureux qu’à la fin du mois de mai, une charte pour le développement économique local et l’emploi va être signée entre l’État, la région et vingt-deux entreprises du Poitou-Charente. Plus qu’outil de réflexion, elle propose de créer des liens inter-économiques et inter-sociaux. Échange de savoir, aide directe en direction des entreprises mais aussi de l’insertion où « Avertir » jouera le rôle d’animateur.

Mais l’association qui souhaite « une société sans exclus » (1) ne se borne pas à ce projet. Elle va aider à la mise en place de l’agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail retenue dans le contrat de Plan. L’objectif : aider les acteurs économiques à prendre en compte les facteurs humains et sociaux dans leurs réflexions et leurs décisions, dans un contexte marqué par l’exigence de compétitivité et l’aggravation des problèmes d’emploi ; préserver et développer l'emploi et la formation professionnelle.

Convaincre les patrons

Déjà « Avertir » a passé un accord avec la chambre des métiers pour étendre les groupements d’employeurs dans l’artisanat. Elle vient également de signer un protocole avec EDF Civaux pour créer emplois et services de proximité afin de répondre aux besoins des collectivités et entreprises locales, employés du site et population. Transport, jardiniers, gardes d’enfants, personnel de maison sont autant de domaines envisagés.

La formation professionnelle entre également dans le champ d’action d’« Avertir » par le biais du programme européen « Force » (formation continue en Europe) créé pour que les salariés européens disposent d’un niveau équivalent et soient donc moins pénalisés par le dumping social. Avec ces crédits, elle a formé à La Rochelle les futurs formateurs grecs, italiens, portugais, dans le domaine de la pêche et mène une action similaire en alimentation avec le groupe Bougon.

Initiatrice d’idées, Avertir, forte de sa volonté de partenariat, ne veut pas légitimer les uns ou les autres mais « légitimer l’adversaire » sourit France Joubert, un peu provocateur. Mettre en relation patrons et salariés n’est pas dans les habitudes et F Joubert constate une certaine timidité de la part du patronat vers cette main tendue qu’il ne sait où classer.

Récupération syndicale ou lutte des classes ? Rien de tout cela en fait. Avertir cherche à mener des actions originales, novatrices, peut-être en avance sur l’époque. Mais elle veut travailler pour le long terme.

Odile Moniot

(1) C'est le thème congrès régional de la CFDT qui se déroulera les 6 et 7 mai au Futuroscope.