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La preuve par neuf… comités d’entreprises qui ont permis de monter « Jazzellerault »

Jeudi après-midi, 16 heures, Nouveau Théâtre. Sur scène, l’équipe son et les techniciens lumière effectuent les ultimes réglages. A la batterie, l’un des membres de « Casablanca ». Le guitariste et les cuivres sont allés faire un tour.

Côté jardin, une tente géante a été mise en place. On pourra recevoir à l’aise. Comme au « Poulailler », le bar associatif. Sur les murs de la salle annexe, les photos qui parlent monstres sacrés, des morceaux de concerts, des explications en panneaux.

Décor fleuri, c’est l’heure de serrer les derniers boulons. Patrick Fournier, directeur, passe, s’arrête, repart. A une table, assis, Pierre Baraudon et Philippe Pineau, des comités d'entreprises de la Sochata et Sextant Avionique. Heureux. « Jazzellerault », c’est un peu leur bébé, et ils attendent le premier cri le sourire aux lèvres.

Pour savoir si les parrains et marraines seront assez nombreux.

Si le spectacle va devenir une vraie fête. Si les invités seront à la hauteur.

Déjà, on voit plus loin. Plus grand. Et on aimerait bien démontrer, même si ce n’est pas évident à faire entrer dans les esprits, que le travail et la culture... C’est un même combat !

Donner l’envie de connaitre

Le festival est né d’une heureuse conjonction : « Le CE de la Sochata avait décidé de faire une soirée jazz au printemps 1994 », note Pierre Baraudon. « Nous sommes donc allés voir Patrick Fournier pour qu’il nous loue la salle et lui aussi nous a dit qu’il serait intéressé par un projet sur ce thème. A partir de là, chacun a travaillé de son côté. Le Nouveau Théâtre pour trouver des artistes de qualité, s’occuper de tout l’aspect administratif. Nous, nous avons contacté d’autres CE, sans rien imposer. Mais au total, il y en a eu neuf qui ont répondu positivement : Aigle, le CLI Sextant, les Fonderies du Poitou, Marelli Autronica, la Sécurité Sociale, le CMCAS d’EDF, la Sochata, Valéo, Sextant Avionique... En plus, nous avons fait appel à nos partenaires habituels : voyagistes, banques, assurances, aussi bien qu’à la DRAC ou au conseil général. Tout le monde a dit oui ».

Dès lors, tout est allé très vite. Et, selon la volonté des salariés, on a ajouté des expos, une conférence, pour rendre la musique plus proche, plus compréhensible… Musique qui n’avait pas été choisie au hasard, « mais parce qu’elle parle de la lutte des Noirs, de leur travail ».

Travail que les CE veulent associer étroitement à la culture, domaines qu'ils ne considèrent pas antinomiques, au contraire. Et de citer à cet égard tout ce qui a été mis sur pied ces derniers temps par les comités d'entreprises : « Du théâtre, avec les Gens de Cherves, la troupe du Trèfle, pour « Regain » Les Tréteaux du Riveau… Trois cents personnes ont découvert comme cela « Le

Misanthrope ! ». Ce qui se complète aussi par des voyages, la location d’un cinéma pour voir « Germinal » et faire suivre le film d’un débat, la collaboration à des spectacles, jazz déjà, à l’automne, avec Laurent de Wille, ou un groupe allemand pour Noël ».

Pour à tout prix convaincre qu’il faut se former, s’enrichir, et que le rôle des CE ne se limite pas à proposer de la pêche en étang ou des pique-niques en forêt… La preuve ? Il y a eu aussi, après d’autres plaquettes, celle réalisée par Philippe Pineau, bibliothécaire à Sextant, et trois ouvriers. Qui porte sur tout ce qui a été retrouvé dans les CE des usines sur le thème du jazz, livres ou disques. Et qui a permis aux néophytes de mieux approcher ce domaine musical… Pour être parfaitement en phase pendant trois soirs, et apprécier à leur juste valeur Johnny Griffin ou Hervé Sellin, Deborah Brown et Casablanca.

Claude Aumon

« Jazzellerault », Nouveau Théâtre : vendredi, à 21 heures, l'Offtet, puis Claude Tissandier et Le Saxomania samedi, à 21 heures, Deborah Brown, puis Hervé Sellin et Johnny Griffin

Photo : Sur scène, les derniers réglages avant le concert