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La direction locale d’Entrepose estime, après la grève de mercredi et jeudi à Civaux, que les négociations ont donné de bons résultats

Les salariés de l’entreprise Entrepose, qui installent sur le site du chantier de la centrale de Civaux des tuyauteries, ont fait grève mercredi et jeudi de cette semaine (…). Un accord a été trouvé, jeudi après-midi, entre les grévistes (près de cent personnes) et les responsables sur le chantier de cette société. Le barrage, qui empêchait l'accès à la centrale, a donc été levé et le travail a pu reprendre pour les quelque 1.600 personnes qui s’activent actuellement sur le site.

La direction locale d’Entrepose, M. Tovenin, chef d’établissement, et M. Toss, son adjoint, responsable des travaux, que nous n’avions pu rencontrer mercredi, compte tenu du barrage établi à l’entrée de la centrale, ont tenu à donner leur point de vue sur ce conflit et les revendications des salariés : « Une précision, d’abord. Les indemnités « petit déplacement » pour ceux qui habitent dans un rayon de 50 km maximum et « grand déplacement » pour la majorité dont le domicile est lointain ont toujours existé. C’est une revalorisation de ces indemnités (il ne s’agit pas de primes) que les salariés réclamaient et ont obtenu.

« En ce qui concerne les salaires, nous ne sommes pas maîtres du jeu à Civaux. Entrepose, qui a son siège à Paris et emploie environ 2.000 personnes en France, bénéficie d’une grille nationale, c’est-à-dire que tous les salariés, où qu’ils soient, touchent une paye équivalente à qualification égale, sauf mérite particulier reconnu. Une augmentation générale ne peut être que du ressort de la direction générale et des comités centraux d’établissements, de même que l’attribution d’un treizième mois

« Les salariés de Civaux réclament une prime de site. C’est une chose qui n’a jamais existé chez Entrepose et n’existera jamais. Quant à l’indemnité de transport par jour travaillé réclamée par les gens en « grand déplacement », elle n’est applicable qu’aux personnes dépendant de la convention de la métallurgie. Or. Entrepose applique la convention bâtiment-travaux publics », achèvent MM. Jovenin et Toss.

Pour eux, les négociations de jeudi ont permis « d’établir un protocole d’accord valant pour tous les points pouvant être traités sur place. Nous n’avons plus de marge de manœuvre », estiment-ils, en réponse aux salariés qui ont déclaré, jeudi, vouloir obtenir de nouvelles discussions dans les semaines qui viennent.

Jean-Luc REYMOND

“L’effet” Civaux

Pour plusieurs observateurs, derrière ces mouvements sociaux, on trouve, aussi, les effets d’une situation difficile qui serait faite, localement, aux travailleurs de la centrale en déplacement : « La plupart ont déjà travaillé sur d’autres chantiers nucléaires (Chinon, Chooz, etc.) où ils ont trouvé des conditions d’accueil plus favorables. Ici, dans la Vienne, ils ont été confrontés au manque de logements ; peu ou pas de studio disponible, donc l’obligation de vivre en camping, même quand on ne le souhaite pas, et des places de camping rares, ce qui contraint souvent à se loger à trente ou quarante kilomètres du chantier. Et, aussi, un environnement humain indifférent », estime un cadre d’entreprise sur le site depuis deux ans.

Est-ce par ce qu’on a trop dit aux habitants du coin que la centrale de Civaux était la panacée tant attendue dans cette région en perte de substance qu’ils « tirent un peu trop sur la ficelle en matière de prix pratiqués, notamment ? », se demande un technicien du bâtiment, originaire de Saône-et-Loire, qui regrette, lui aussi, l’accueil réfrigérant qu’on lui a fait (« ailleurs, après une période d’observation, ça se réchauffe ! ») et le sentiment qu’il a d'être exploité. « Quand on cherche à se loger à Chauvigny, on nous donne l’impression que c’est comme si, travailleur immigré, nous avions la prétention d’habiter à Neuilly ou à Saint-Tropez ! », ajoute-il, avec un humour qui cache mal une réelle déception.