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Après l’annonce des 98 suppressions d’emplois, les futurs licenciés d’Euro Production disent non en défilant dans les rues de Saint-Benoît

Dans notre édition d’hier, nous exposions les résultats du plan social prôné par la direction de M et N Euro Production qui a choisi de supprimer 98 emplois se définissant comme suit : 50 licenciements secs et 48 départs en retraite et transferts vers une autre usine du groupe, à Saint-Florent-sur-Cher (Cher).

Ce nouveau coup dur pour une usine qui n’a connu que des déboires toutes ces dernières années, s’inscrit dans un climat économique extrêmement difficile pour le groupe. Les marchés n’ont cessé en effet de se dégrader et la rupture a été particulièrement nette dans le courant de l’année 1994 qui a vu le chiffre d’affaires divisé par deux !

C’est donc dans ce contexte que la direction a décidé des mesures drastiques qui touchent de plein fouet l’usine de Saint-Benoit qui a compté, autrefois, jusqu’à plus de 550 personnes. Hier soir, à l’appel du syndicat CGT de l’entreprise, les futurs licenciés se sont réunis à Saint-Benoît et ont souhaité interpeller le maire de la commune, André Coquema, pour lui exposer leur situation précaire. Après un petit défilé dans les rues, ils se sont massés devant la mairie avant qu’une délégation le rencontre.

Réflexions plus qu’amères dans les rangs. « Ma femme, ça fait vingt-huit ans qu’elle y travaille. Jamais absente, jamais malade, elle n’a même pas demandé son treizième mois et elle était aux cosmétiques... Aujourd’hui, on la fiche dehors ! ».

Cette gamme cosmétique dont on attendait justement beaucoup chez M et N Euro Production tandis que la gamme « Arbre Vert », sur laquelle on avait porté de grands espoirs lors de son baptême, éprouve, elle aussi, de grandes difficultés.

Plusieurs couples dont les deux travaillaient à l’usine de Saint-Benoît, sont même licenciés et sur les 28 transferts décidés sur Saint-Florent, quasiment aucun n’a été accepté à ce jour.

Alors même que dans le personnel, on est sûr et certain que des lignes de production vont aussi déménager en direction du Cher, même si la direction soulignait bien hier qu’« actuellement, il n’y a pas une fabrication qui a quitté Saint-Benoît pour Saint-Florent ! ».

Bref, pour les salariés, la volonté de la direction est claire le site de Saint-Benoît sera supprimé à plus ou moins long terme. Une vérité qu’on n’a jamais osé avouer jusqu’à maintenant et qui pourrait bien un jour prochain trouver sa justification. Après tout, ces syndicalistes sont tellement casse-pieds, que le port du chapeau leur irait bien. L’excuse est pratique et toute trouvée !

Laurent Bertagnoloio

Photo : Hier en fin d’après-midi devant la mairie de Saint-Benoît