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Près de 400 cheminots de la région Centre ont manifesté, hier, à Tours, pour que la Vienne ne soit pas rattachée à la direction régionale de Bordeaux

Ambiance rugby, hier après-midi, devant la direction régionale de la SNCF à Tours. Torche en feu, clairon en folie et quelques slogans puissamment balancés devant la façade. « Non au bradage de la région Centre » criaient en cœur les quelque 400 cheminots venus de Saint-Pierre-des-Corps, Vierzon, Châtellerault, Poitiers, Orléans ou Blois. Cheminots unis sous une bannière multisyndicale. La raison du conflit ? Le rattachement de la Vienne à la région de Bordeaux, soit près de 600 agents qui quitteront le giron régional à partir du 1^er janvier 1995.

Une annonce qui a immédiatement provoqué un tollé chez les cheminots : « Dans l’interview qu’il a accordée à “La Nouvelle République” le 2 février » poursuit le délégué « le ministre de l’Équipement, Bernard Bosson, avait promis qu’on ne toucherait pas à la région de Tours. Où sont ses promesses ? ».

La direction régionale avait hier son explication : « C’est à notre initiative que s’est tenu aujourd'hui à Tours un comité d’établissement exceptionnel », notera le directeur Denis Klein. « Je voulais donner des informations aux syndicats mais je n’ai pas pu le faire. Ils se sont contentés de me lire leur motion et de partir. Il faut pourtant savoir que l’avenir de Tours n’est nullement remis en question. Par ailleurs, le rattachement de la Vienne à la région de Bordeaux correspond à un souci de clarification. Jusqu’à présent la région Poitou-Charentes était éclatée entre Tours, Nantes et Bordeaux, ce qui posait des problèmes pour les élus qui ne savaient plus à qui s’adresser.

« Le problème répond Claude Lestreman, délégué CGT de Poitiers c’est que cette politique va, par exemple, provoquer le découpage en deux de l’établissement de Châtellerault. Une partie sera rattachée à Bordeaux, l’autre sur Tours. Ce qui veut dire, à court terme, que l’établissement est condamné ».

Une thèse que ne contredit pas Denis Klein : « Il est exact que l’établissement risque de disparaître et qu’il faille déplacer une dizaine d'agents ».

D’autres suppressions de postes concerneraient également Tours : « Une partie des tâches administratives vont être remplies à Bordeaux où les effectifs sont plus importants », note Daniel Bernard de la CFDT « ce qui signifie que nous allons perdre une trentaine de postes ». « Il s’agit plus précisément d’une quinzaine de postes », reprend le directeur.

Des arguments qui n’ont pas convaincu les syndicats. Après avoir adopté une résolution commune dans laquelle ils rejetaient le rattachement de la Vienne à Bordeaux, ils se sont rendus dans l’après-midi chez le préfet d’Indre-et-Loire. Prochaine étape, le 2 décembre avec l’organisation d'une réunion interrégionale.

Jacques Benzakoun

Photo : Les manifestants devant la direction régionale de Tours