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Les cheminots CGT ont fait, lundi à Montmorillon, des propositions à court terme précises pour une relance de la ligne Poitiers-Limoges

Le maintien d’une liaison ferroviaire entre Poitiers et Limoges, c’est une question de vie quotidienne qui concerne toute la population… La manifestation de Bellac, samedi, a montré une mobilisation certaine. Mais la période électorale actuelle pousse les politiques à envahir le terrain alors que les usagers et les cheminots sont les premiers concernés et qu’eux seuls ont des propositions à faire ». L’Union locale CGT avait invité lundi à Montmorillon, Alain Noiret, secrétaire syndical cheminot de Poitiers ; Claude Lestremeau, secrétaire CGT cadres et maîtrise SNCF Châtellerault ; Jean-Pierre Jallais, responsable régional CGT, à débattre du maintien d’une ligne ferroviaire Poitiers-Limoges modernisée.

Dans un contexte « d’éclatement du service public illustré par une restructuration SNCF catastrophique, 73.000 cheminots de moins en dix ans, 9 milliards de déficit, en 1994, 8 prévus en 1995 avec, encore, 5.000 emplois supprimés », les cheminots CGT refusent la suppression de la ligne Poitiers-Limoges, dans le collimateur de la SNCF depuis longtemps si l’on se fie à l’état de dégradation dans lequel cette ligne a été laissée : « Le matériel est à bout de souffle ; il date des origines de la ligne. Pas question d’augmenter les vitesses dans ces conditions, ni même d’assurer un minimum de confort aux voyageurs. La plupart des gares ont été fermées, ce qui rend impossible l’augmentation du nombre de trains, puisque les possibilités de croisement ont ainsi été réduites. Les coûts d’entretien sont exorbitants, les pertes de temps considérables et le matériel roulant vétuste ».

Avec Civaux

Après ce constat sans appel, la CGT avance deux séries de propositions. A court terme et étant entendu qu’aucune desserte par route ne serait créée et que les gares seraient rouvertes :
La modification de deux horaires, réclamés depuis longtemps par les usagers. A savoir que le train 97300/302 arrivant actuellement à Poitiers à 7 h 29 soit avancé de 15 minutes, ce qui autoriserait enfin une correspondance avec le TGV 8308 vers Châtellerault, Saint-Pierre-des-Corps donc Nantes, Vierzon, l’inter-Loire avec arrivée à Paris à 9 h 15, soit Montmorillon-Paris en 2 h 50 de Poitiers.
- La C.G.T. propose aussi que le train 97315 du dimanche soir soit retardé de 10 minutes pour rendre possible la correspondance avec le TGV 8594 en provenance de Dax-Bordeaux-Angoulême (21 h 51). Toutes les autres dessertes seraient maintenues.

« On ne peut pas parler de désenclavement du Montmorillonnais ni de desserte du bassin d’emploi de Civaux sans retenir ces propositions très simples à concrétiser. Favoriser le transport des étudiants vers l’université, permettre l’aller-retour à Paris dans la journée, c’est facile et pas cher… soutiennent les cheminots.

Moderniser la voie et le matériel

A long terme, les cheminots proposent que la voie soit modernisée (long rail soudé) afin de relever la vitesse à 140 km/h et de réduire le temps de trajet Poitiers-Limoges à 1 h 30. Et que la SNCF investisse dans un parc d’automoteurs plus actuels et confortables.

« Il faut abandonner l’idée que les usagers viendront d’eux-mêmes vers le chemin de fer ; c’est à la SNCF de les reconquérir », estiment les cheminots qui souhaitent que la SNCF conserve la maîtrise économique de cet axe. Mais ils ne sont pas opposés à une participation des collectivités territoriales (Région Poitou-Charentes). L’activité fret et la liaison avec la façade Atlantique (port de la Pallice) préoccupent suffisamment la Région pour qu’elle s'investisse...

Les raisons d'espérer sont là : la gare de Montmorillon a fait 2.584.349 F de recettes voyageurs en 1994, en progression de 0,7 % sur 1993 où elle avait fait un important bon en avant. Le chiffre réalisé par la gare de Lussac est encore plus parlant : 1.815.929 F en 1994 soit + 16,5 % en un an ! L’impact de Civaux, alors que seulement un quart du personnel EDF appelé à demeurer sur place est installé, est évident...

Donc, quand la SNCF aura revu ses horaires et pourquoi pas ses tarifs et surtout le coût aberrant des réservations, la ligne Poitiers-

Montmorillon-Limoges devrait vivre une nouvelle jeunesse. Tous ceux qui connaissent les affres du trajet Montmorillon-Poitiers par la N 147 et les difficultés (et le coût) du parking en gare de Poitiers seront partants !

Jean-Luc Reymond

Des initiatives

Le 17 mars, le schéma régional de transport Poitou-Charentes sera publié. Les cheminots en prendront connaissance avec attention. S’il y a problème, ils « prendront des initiatives fermes en liaison avec la population », ont promis, hier, les cheminots CGT.