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1576525/03/1995SAINT-SAVIN

AUBADE LA GRÈVE CONTINUE

Déclenchée mardi à 16 heures, la grève des employées de la société Bernard, qui fabrique les sous-vêtements féminins « haut de gamme » Aubade à Saint-Savin et La Trimouille, a trainé vendredi. Et les salariées craignaient l’enlisement, bien que M. Verdier, sous-préfet de Montmorillon, ait proposé ses bons offices comme médiateur « en terrain neutre », jeudi après-midi.

Fatiguées par trois journées de grève non-stop avec piquets jour et nuit, les ouvrières saint-savinoises ont tenté de rencontrer le directeur, M. Dujardin, vendredi matin puis, de nouveau, à 15 heures où les délégués ont été reçus. L’inspecteur du travail, attendu par les grévistes, lui, ne s’est pas montré : « Près de 90 % du personnel en grève. Nous ne réclamons pas la lune, mais 5 % d’augmentation. La dernière proposition du directeur, jeudi, à 1,18 % tenait de la provocation ! », déclaraient vendredi les grévistes de faction à l’entrée de l’entreprise où seuls les fournisseurs avaient, la possibilité de pénétrer.

« 5 % de 4.800 F, c’est un peu plus de 200 F ! On ne fera croire à personne que cette société où le personnel doit faire des heures supplémentaires depuis plus d’un an ne peut pas accorder une augmentation aussi minime, alors que tout le monde parle, même en très haut lieu, de la nécessité d’augmenter les bas salaires. Or, à Aubade, une employée qui a vingt ans d’ancienneté ne gagne que 4.800 F, nets…, rappelait M. Bernard Viot, secrétaire de l’Union départementale CGT.

Les salariées paraissaient tout à fait déterminées à poursuivre le mouvement sans flancher : « Il y a dans cette entreprise un savoir faire reconnu et les produits de grande qualité que nous fabriquons sont vendus à des tarifs de luxe. Parler de délocalisation ne tient pas debout : c’est le “made in France” qui fait leur valeur ! ».

En fin d’après-midi, cependant, les près de deux heures de nouvelles négociations permettaient une « petite avancée mais toujours insuffisante... ».

Le personnel s’apprêtait donc à passer un week-end difficile, en relais pour garder les portes, mais avec le soutien d'une bonne partie de la population locale. C’est, en effet, depuis une trentaine d'années que l’entreprise existe, la première fois qu’une grève s’y déclenche, de plus menée par des femmes !

Jean-Luc Reymond

 

 

le 31/03/2025 à 15:39

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

confection, lingerie, grève, salaire, négociation

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