1579210/04/1995POITIERS
A l’usine du Bibendum de Poitiers, on trompe le temps. Mais on maintient la pression question revendications.
“En fait rien de changé. On continue à faire les trois huit, mais devant l’usine, Philippe Mimault, le secrétaire général de la CGT, met un zest d’humour dans le discours sérieux que nécessite la situation. Une situation au demeurant toujours aussi bloquée puisque depuis mardi, début du conflit, aucune amorce de négociation n’est entrevue. La grève, suivie à plus de 70 % dans les services production (plus de 500 personnes) a abouti à la paralysie totale de l’usine de Poitiers qui, rappelons-le, compte 690 salariés.
« Tant que nous ne nous retrouverons pas autour d’une table pour discuter nous ne bougerons pas », note un salarié en réaffirmant la détermination des syndicats totalement indignés par le décalage entre le discours de François Michelin et la réalité dans ses usines (NDLR : invité à l’émission « Rue des entrepreneurs », François Michelin avait déclaré : « On ne peut pas vivre avec moins de 8.000 F par mois »). Bonne aubaine pour les syndicats CGT et CFDT qui sollicitent ce minimum salarial. Entre autres revendications puisque sont aussi demandés : 1.000 F de prime au 15 avril ; 8 F de l’heure sur le taux horaire à partir du 1er mai ; l’arrêt des augmentations au pourcentage ; une diminution de 10 % de la production individuelle avec embauches compensatrices ; l’arrêt des heures supplémentaires ; l’aménagement du temps de travail sur la base de 35 heures sans perte de salaire avec deux jours consécutifs de congés (dont le dimanche ; le paiement des heures de grève ; le paiement d’une indemnité pour les jeunes embauchés ; la retraite à 55 ans pour les postés (un départ : une embauche). Partant du principe que l'entreprise fait des bénéfices qu’il estime à plus de 300 millions pour la manufacture et à 1,25 milliard pour le groupe, le personnel veut sa part du gâteau. Pas question que les ouvriers se satisfassent des 2,4 % qui leur ont été octroyés en deux fois (en octobre et en mars) alors que les cadres ont obtenu 6 %. Pour tromper l’angoisse propre aux grandes grèves, le personnel en arrêt choisit aussi la fête. Soirée musique, crêpes, concours de pétanque, tarots et belote étaient au programme de ce week-end. Avec également quelques visites d’encouragement : une délégation des manifestants contre l’exclusion et le chômage (samedi) et des élus communistes du district (MM. Lestage et Daniau, hier).
La suite à donner au mouvement sera décidée ce matin à l’occasion d’une assemblée générale. Sans exclure la présence possible d’une délégation de grévistes cet après midi au Futuroscope, pour accueillir le candidat Balladur.
Jacques Furlan
Photo : Des élus communistes du district sont venus hier matin sur le piquet de grève
le 06/04/2025 à 09:37
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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