1579511/04/1995POITIERS
On a frôlé l’échauffourée, hier à Poitiers où les grévistes ont interdit l’entrée de l'usine à un camion de matières premières
Après l’ambiance un peu festive d’un week-end où les grévistes de l’usine Michelin de Poitiers ont trompé leur stress en organisant des sauteries et des concours de pétanque ou de belote, le piquet de grève a retrouvé ses préoccupations du moment. D’autant qu’hier matin une assemblée générale était à l’ordre du jour avec la volonté des syndicats CGT et CFDT d’organiser un vote pour décider de la suite à donner au mouvement. Ce plan a été quelque peu bousculé par l’arrivée de la maîtrise et du personnel des services administratifs qui désiraient participer au scrutin. « Notre action a été déclenchée par les grévistes et ce sont eux, et eux seuls, qui doivent décider de la reprise ou non du travail » commente un délégué syndical en expliquant qu’il n’était pas question de laisser ceux qui ne sont pas concernés par l’action menée jusqu'à présent, donner leur avis sur le conflit. Les syndicats ont donc purement et simplement reporté le vote à plus tard. En l’occurrence à l’après-midi pour les équipes de jour et à la soirée pour les équipes de nuit. Reste que la venue des non grévistes a engendré une certaine confusion et quelques accrochages. Purement verbaux fort heureusement. Ce n’est donc que tard hier soir que le dépouillement a pu être fait (voir résultat ci-dessous).
L’après-midi, vers 15 h, nouvelle échauffourée lorsqu’un camion, venant de Cholet livrer des matières premières, s’est vu refuser l’entrée de l'usine par le piquet de grève. Les cadres et la maîtrise sont revenus pour tenter de forcer le barrage ce qui a bien failli occasionner des débordements. Mais encore une fois, c’est in-extremis que l’affrontement physique a été évité.
« C’est la méthode Michelin. Déjà, la direction demande aux non grévistes de rester chez-eux. Ensuite, elle favorise les divisions pour mieux régner » dit M. Mimault secrétaire CGT.
De son côté, la CFDT annonçait, hier après-midi dans un communiqué, que la grève se poursuivait et se durcissait suite à la provocation de la direction qui a poussé les non grévistes à voter.
Il est peu probable dans ces conditions que l’on s'oriente vers une fin du conflit. D’autant qu’hier le mouvement semblait s’étendre puisqu’une grève est prévue à Cholet à partir d’aujourd’hui et à Clermont et à Vannes dès mercredi.
Les syndicats, à l’instar de ce qui s’est passé à La Roche-sur-Yon, n’excluent pas d’engager un référé pour le non paiement des non grévistes. La direction de son côté se refuse à tout commentaire. Hier soir, à l’issue du dépouillement la poursuite de la grève était décidée. Par 58 voix contre 52.
Jacques Furlan
Photo : Hier matin le climat était déjà tendu, après que les cadres soient venus pour participer au vote
le 06/04/2025 à 09:42
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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