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Monsieur le colonel pense sans doute que la vie a diminué de prix à Châtellerault, que les propriétaires sont moins rapaces, car il vient de faire diminuer les salaires à la Manufacture, juste à l’époque du terme.

Le mois dernier, les ouvriers n’ont été payés qu’après cinq semaines de travail.

Les plus forts ouvriers ont gagné un mois raisonnable ; aussitôt le colonel a donné l’ordre de diminuer sans se préoccuper si l’on gagnerait de quoi vivre.

Dans quelques ateliers, la diminution était tellement élevée que d’un commun accord, sans entente préalable, les ouvriers ont cessé de travailler.

Ils n’ont repris le travail que sur la promesse formelle qu’on complèterait leur mois.

Nous ne voyons rien qui justifie cette diminution ; le fusil continuera à coûter le même prix à l’État.

Avec le même crédit on n’en fabriquera pas davantage.

C’est, nous croyons, le moment de poser la question : Où passe la différence ? Veut-on faire des économies pour recevoir M. Carnot ?

C’est un drôle de moyen de lui préparer la bienvenue.

Parmi les choses curieuses, on veut sans doute montrer au président la prévoyance de l’administration qui a fait construire des ateliers au moment où les commandes allaient être terminées.

Il pourra voir que dans les ateliers de l’État les ouvriers sont moins libres que dans ceux de l’industrie.

Si les flatteurs, les courbe échine lui en donnent le temps, M. Carnot pourra prendre connaissance de la masse de santé, ce chef-d’œuvre d’arbitraire.

Il verra la façon dont on dépouille un ouvrier, sous prétexte de prévoyance.

Que de choses curieuses à voir dans notre établissement national !

Mais le temps manquera sans doute au Président.

Et, d’ailleurs, le laissera-t-on entrer ?

On refuse bien l’entrée de la Manufacture aux députés, alors que des étrangers y entrent tous les jours.

Les directeurs qui se succèdent à la Manufacture peuvent se vanter d’avoir porté au plus haut point l’exploitation de l’homme.