1592225/05/1890CHATELLERAULT
La semaine dernière nous avions à enregistrer une diminution de salaires.
Cette semaine, c’est le prochain renvoi d’un certain nombre d’ouvriers.
Ce renvoi était prévu depuis longtemps ; la fabrication des armes devant nécessairement avoir une limite.
Nous avons déjà dit que ce n’était pas le moment de diminuer les salaires.
Quant aux renvois, l’État a forcé les ouvriers en les embauchant à le prévenir trois mois à l’avance en cas de départ.
Pourquoi n’est-il pas engagé lui-même par ce seul fait à prévenir les ouvriers dans les mêmes délais en cas de renvoi ?
Nous constatons qu’il y a cependant progrès depuis 1881.
A cette époque, on prévenait seulement les travailleurs quelques jours avant.
Aujourd'hui on le prévient un mois et même près de deux mois à l’avance, mais cela n’est pas encore suffisant.
Les ouvriers doivent exiger trois mois et nous leur conseillons d’attaquer le Directeur devant le Conseil des prud’hommes.
Au cas où celui-ci se déclarerait incompétent - il existe d’autres juridictions et nous verrions si l’État faisant un règlement ne doit s’y soumettre comme les ouvriers.
On nous dira sans doute que le règlement a été modifié, que nous-mêmes nous réclamions cette modification.
En tout cas ce règlement n’a été modifié que dans l’intérêt de l’État et nous avons donc le droit de ne pas accepter cette modification.
A moins que l’État ne rende aux ouvriers qui ont quitté l’établissement, ce qu’il leur a gardé.
Il y avait plusieurs moyens pour faire un choix parmi les ouvriers à renvoyer:
1• Conserver les ouvriers de métiers qui font mieux le travail, et renvoyer les cultivateurs qui ont des terres.
2• Renvoyer les derniers rentrés tout en tenant compte de la situation de famille des ouvriers et de leurs aptitudes.
On a choisi le 2e moyen.
On renvoie les derniers rentrés à tort et à travers.
Des ouvriers sont maintenus au détriment des autres selon le caprice du directeur, ou les protections qu’ils ont mis en œuvre.
Les cléricaux font dire à ce sujet qu’ils sont puissants ; cela pour faire du racolage à leur cercle catholique.
Nous espérons qu’il y sera mis ordre.
Le “Mémorial” publie un article « réclame-Nivert » au sujet de la présence à Châtellerault de deux officiers russes samedi dernier ; et de la fabrication des armes russes.
Cette question est trop grave, et les intérêts de la ville y tiennent de trop près, pour qu’en cette circonstance on mette la question de parti en avant.
Si la Russie commande ses armes au gouvernement français, le travail sera réparti entre les trois manufactures, si au contraire ce sont les entreprises qui les font pour le compte du gouvernement russe cela devient une question d’intérêt.
Si cette commande va à une ville au détriment des autres il sera démontré une fois de plus que le système de l’adjudication est mauvais, que les manufactures doivent être mises en régie.
Quelque soit la solution donnée à cette affaire que nous désirons sans trop l’espérer favorable à la ville :
Monsieur Nivert quoiqu’en pourront dire ses amis n’y sera pour rien ; l’intérêt seul guidera le gouvernement russe.
En prétendant le contraire, M. Nivert et ses amis pourraient bien avoir une désillusion et leurs intérêts en souffrir.
G. Marcel
le 25/04/2025 à 10:13
Source : l'Eclaireur de la Vienne
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