1593110/12/1893POITIERS
Dans trois de nos précédents numéros, nous nous sommes adressés à M. Bazille en lui demandant s’il avait connaissance des faits qui se passait au “Patriote”. Nous lui avons dit que dans l’imprimerie de ce journal qui est sien, sous l’influence d’un individu vulgairement connu sous le ton de “Silhouette”, les compositrices avaient été renvoyées les unes après les autres et remplacées par des apprentis non payés. Le sieur “Silhouette” avons-nous affirmé, a accepté de remplacer au prix de 3 fr. 50 par jour l’ancien metteur eu pages qui en gagnait 5.
Ces faits, sont vrais, controlés, indiscutables, nous en avons preuves et témoignages.
En remplaçant les ouvrières par des apprentis, le directeur de l’imprimerie du “Patriote”, a trouvé là une combinaison qui lui permet de faire composer chaque numéro de son journal moyennant la modique somme de 3 fr. 50 !
C’est là de l'exploitation la plus éhontée ou nous ne nous y connaissons pas.
Si les faits que nous venons de signaler - pour la quatrième fois - ne portaient préjudice qu’à l’ancienne équipe du “Patriote”, l’affaire serait déjà suffisamment grave ; mais elle menace de le devenir bien plus encore.
En effet, nous apprenons que tous les directeurs de journaux quotidiens de Poitiers, se trouvant dans une situation d’infériorité absolue vis-à-vis de leur confrère de la rue des Halles, viennent d’un commun accord, de prendre la décision de diminuer de moitié les prix, du mille de lettres payés aux « typotes ».
Il en résulte que ces malheureuses femmes en seront réduites à se mettre en grève, dans quel cas on les remplacerait par des apprentis, ou d’accepter de nouveau tarif et de ne pas gagner leur vie en travaillant beaucoup et péniblement.
Nous n’avons aucune animosité personnelle contre le député de la 1re circonscription de Poitiers, et nous sommes toujours restés en dehors des luttes qu'il a soutenues contre la presse poitevine. Nous l’avons même félicité à plusieurs reprises pour ses votes émis à la Chambre, comme nous le félicitons encore, en passant, de s’être prononcé en faveur de l’amnistie. Nous sommes donc bien à l’aise pour lui parler et faire appel, une dernière fois, à ces sentiments.
Nous voulons croire encore qu’il n’a pas eu connaissance de nos articles, sans quoi il serait intervenu. Mais nous allons nous y prendre de façon à ce que “l’Éclaireur” lui parvienne aujourd’hui même, pour qu’il n’y ait pas d’équivoque, et nous attendrons sa réponse.
Il nous semble impossible que lui, député radical, lui l’élu des faubourgs, puisse tolérer que dans son imprimerie, on se livre à une exploitation dont un « huit kilos » rougirait – exploitation qui aura pour conséquence, s'il n’y est apporté un prompt remède, de jeter sur le pavé un grand nombre de jeunes filles et de mères de famille.
le 25/04/2025 à 13:39
Source : l'Eclaireur de la Vienne
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