1595520/09/1995POITIERS
La première conférence régionale de l’Union CGT des services publics s’est déroulée mardi, à Niort. Un message clair : les fonctionnaires ne sont pas des nantis.
Qu’il s’agisse des récents propos d’Alain Madelin ou du blocage prévu des salaires des fonctionnaires, l’actualité n’y est pour rien. Elle a permis d’enrichir le débat mais c’est en juin dernier que les militants CGT du service public avaient prévu de tenir à Niort, ce 19 septembre, leur première conférence régionale. Soixante-dix personnes ont participé aux travaux dont l’ambition avouée était de trouver les meilleurs moyens de renforcer l’identité du service public. Le principe du dialogue direct fait son chemin. Non pas qu’on soit lassé des banderoles, des porte-voix et des défilés contestataires mais parce qu’à la CGT comme au sein des six autres fédérations de fonctionnaires qui ont participé à un même débat avant de se retrouver prochainement en dehors du bureau du ministre, on estime qu’il importe peut-être davantage d’expliquer ce que sont, ce que font les agents de l’État et des autres collectivités plutôt que de se contenter de la traditionnelle manifestation aux slogans accrocheurs.
L’emploi bientôt hors normes ?
« Dire que les fonctionnaires, de quelque service que ce soit, sont des privilégiés, voire des nantis, relève du message éhonté », lançait hier Vincent Debeir, secrétaire de la fédération CGT. « C’est carrément une insulte ! », ajoutait un autre militant. Pour tous, il est injurieux d’assimiler les salariés des collectivités à des gens favorisés. « On est en train de vouloir démontrer qu’occuper un emploi, percevoir un salaire régulier tous les mois n’est pas chose normale, que la précarité doit devenir un principe » insistait René Pintureau, secrétaire régional de l’Union des services publics. On recense actuellement près de 70.000 agents de collectivités territoriales en Poitou-Charentes dont 44.000 actifs (y compris les professions de santé), 1.300.000 à l'échelle de l’Hexagone dont 400.000 non titulaires. « La moitié d’entre eux gagnent moins de 7.000 F brut par mois ».
Au-delà des chiffres, le débat de Niort a relancé des questions importantes. Le maintien, par exemple, des régies directes, c’est-à-dire le contrôle, par les collectivités elles-mêmes, des secteurs clés de la vie quotidienne, de l’eau à l’électricité en passant par la poste, le téléphone, les pompes funèbres. « Depuis quinze ans et le phénomène vient de s’accélérer on sent bien que le pouvoir de l’argent, la soif du gain fait du service public, non plus un service rendu à des usagers mais un service vendu à des clients.
Les militants CGT reconnaissent que le secteur privé s’est engouffré là où il y avait des brèches, là ou l’absence de bonnes méthodes de gestion a fait perdre au service public de sa crédibilité. Ils ne s’opposent pas à une organisation plus rationnelle, encore plus performante de leur secteur d’activités mais ils n’acceptent pas que la notion de rentabilité y soit omniprésente au détriment d’une « société basée sur la satisfaction des besoins de l’homme ».
Philippe Barbotte
le 28/04/2025 à 18:13
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org