1601826/10/1995CHATELLERAULT
Francis Martin, secrétaire général de la CGT est châtelleraudais. Un long parcours de militant au sein d’un syndicat centenaire
Francis Martin, c’est le syndicalisme fait homme. Une vie tout entière consacrée au combat des idées, à la bataille pour, selon ses propres termes, « faire aboutir la justice et permettre au salarié d’être citoyen au travail et dans la vie ».
Francis Martin a poussé ses premiers cris, peut-être pas revendicatifs, à la maternité de l’hôpital public de Châtellerault le 13 juillet 1942. Il est élevé dans la famille de sa mère, des gens au grand cœur, imprégnés de convictions progressistes, aussi bien sur le plan syndical que politique. Le « petit Francis » fréquente l’école du Château puis le lycée Descartes et enfin le centre d’apprentissage où il avait comme professeur un certain Paul Fromonteil, devenu par la suite compagnon de lutte. Son temps de loisir, il le consacrait à l’étude du dessin à l'école municipale et du cornet à pistons à l’Harmonie.
En 1959, diplôme de tourneur en poche, le jeune ouvrier n’a aucune peine à trouver un premier emploi ; c’est chez Domine à Naintré, entreprise de six cents salariés qu’il plonge dans l’univers de l’usine. Confidence : « Le matin, je montais dans le train à Châtellerault avec une centaine d’autres salariés et il nous déposait non loin des ateliers. C’était au temps où la SNCF était au service du public… Chez Domine il n'y avait pas de syndicat ; avec Jacques Mémin et un groupe de copains nous avons implanté la CGT afin de faire entendre la voix des métallos ».
Service militaire comme moniteur de sport grâce à un beau palmarès de coureur cycliste, établi sur les routes de la région à l'époque où Claude Gabard et Michel Grain collectionnaient les bouquets, période noire de trois ans due à la tuberculose soignée en sanatorium ; retour à la vie active après des mois de lutte contre la maladie. Le 13 mai 1968, Francis Martin quitte le secteur privé pour la fonction publique, occupant un poste d’employé civil au ministère de la Défense à Poitiers. Autre confidence… « Le premier jour, embauche à 9 h, grève à midi » 1968 et son bouillonnement social !
1970, il est élu secrétaire de l’Union locale CGT de Poitiers ; 1976, nomination comme permanent à l’Union départementale ; 1978, élection au poste de secrétaire général pour la Vienne. Une succession de postes voulue par les adhérents du syndicat, témoignage de l’efficacité de Francis Martin. Dix-sept années passées en réunions, délégations, négociations, manifestations. Explication : « Je ne regrette pas de m’être lancé dans cette mission qui consiste avant tout à écouter en permanence les salariés. Il s’agit de mener un combat pour la justice, le respect des droits ; aujourd’hui, plus que jamais, vouloir faire respecter les articles du code du travail, est considéré comme une revendication de la part des patrons... Au fil des ans, je me rends compte que les rapports entre employeurs et employés sont de plus en plus âpres et il n’est pas exagéré de dire que certaines entreprises sont devenues des lieux de non-droit.
L’avenir du syndicalisme ? Francis Martin : « La CGT a cent ans mais n’est pas une vieille dame diminuée. En ce moment, nous préparons la réforme des statuts à l’occasion du congrès de décembre. Notre volonté principale est que la solidarité s’établisse et que le salarié ait les moyens de refuser l’inacceptable. Il souhaite s’exprimer, qui pourrait le lui reprocher ? Dans la Vienne en général et dans le Châtelleraudais en particulier, les jeunes adhèrent de plus en plus à la CGT : nous avons enregistré six cents inscriptions nouvelles depuis le début de l’année ».
Un engagement politique ? Francis Martin a adhéré aux Jeunesses Communistes, « au temps des guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie » puis au PCF, un parti « qui a connu des périodes de profonde remise en cause mais qui est toujours près des travailleurs ».
Le responsable de la CGT pour la Vienne, marié à une infirmière qui passe ses jours et nuits au service des malades, est un père heureux : sa fille Sylvie, titulaire d’un DEA de droit social vient de s’inscrire au barreau de Poitiers ; avocate, elle collabore avec Me Gaston intervenant souvent pour la CGT. Des sujets de conversation chez les Martin !
Patrick Gonin
Photo : Francis Martin : « Faire aboutir la justice »
le 23/05/2025 à 15:09
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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