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Au son de « la santé c’est la Sécu », plus de 1.500 personnes ont défilé hier à Poitiers pour défendre la protection sociale

Les syndicalistes sont unanimes. Dès qu’il s’agit de la Sécurité sociale, il est très difficile de mobiliser les gens. « Normal, on n’y songe que lorsqu’on est malade ! ». Ils étaient pourtant plus de 1.500 manifestants à défiler hier soir dans les rues de Poitiers. Rien à voir avec la foule qui défendait la Fonction publique il y a quelques semaines, mais un joli succès malgré tout.

Surtout, les syndicats avaient appelé d’une même voix à venir défendre la Sécu. « On ne gagnera que si on est uni », s’emballe Francis Martin, le président de l’UD CGT. « Il n’y a plus que 9 % de syndiqués en France. Or, les gens sont désireux de se battre ensemble ». Place d’Armes, il montre d’un air réjoui la voiture sono qui passe devant lui. « Elle appartient au FSU et c’est une cégétiste qui chante ! ». L’image, quoique symbolique, ne reflète qu’imparfaitement la manifestation. Les militants ne cachent pas leurs différences et ils sont le plus souvent regroupés par affinité.

Consensus à demi

« La Sécu, c’est la santé. Ceux qui toucheront aux droits sociaux ne feront pas de vieux os ». Là-dessus, c’est sûr, chacun est d’accord. « Il faut que les patrons paient » s’écrie un mécontent. « Il faut admettre que le monde a changé, lance un autre. La maîtrise des dépenses de santé est obligatoire ». Sur les moyens, on le voit, le consensus devient nettement moins flagrant. « Les gens sont attachés à la protection sociale, reprend Francis Martin. Avant, on avait le meilleur système au monde. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Mais dans certains pays, on meurt parce que l’on ne peut se faire soigner. C’est pourquoi nous exigeons un grand débat national. Pas une parodie comme ce fut le cas avec les forums. Il faut que tous les usagers puissent s'exprimer »

Le long cortège qui s’était étiré depuis la Préfecture revient au point de départ après un passage par les rues piétonnes et la place d’Armes. Bernard Viot intervient au nom de toutes les organisations. « Sans la moindre concertation, le gouvernement a décidé de restreindre le taux d’évolution des dépenses hospitalières pour 1996 et de porter le forfait hospitalier de 55 F à 70 F ». Il énumère toutes les mesures en préparation et conclut que « cette stratégie remet en cause l’esprit mutualiste. La Sécu qui fait partie de notre vie sera-t-elle sacrifiée ? « Les cris fusent. Mais l’espoir est là. « Les patrons ont voulu tuer la Sécu dès le lendemain de sa mise en place ! ». Le combat ne fait que commencer. « Maintenant, on rentre chez soi mais on va rester vigilants.

Henri Brissot

A Châtellerault aussi Dans toute la Vienne, on s’est aussi mobilisé pour défendre la Sécu. Ils étaient plus de 800 à Châtellerault et une cinquantaine à Montmorillon.

Photo : Tous unis pour la Sécu ! Le cortège de manifestants s'est étalé dans tout le centre-ville de Poitiers hier soir