1603715/11/1995MONTMORILLON
Le repreneur des « Matelas Duvivier » a confirmé hier qu'il reprendrait 122 employés et annoncé que la liste des 51 licenciés serait connue vendredi. Tourmente dans le petit village de Joussé.
Après la décision du tribunal de commerce de Poitiers, lundi après-midi, autorisant la reprise de trois sociétés du groupe Duvivier, Michel Dousset, le P-DG de la société Mafta, repreneur de la SA « Matelas Duvivier » et de la SARL « Ameline » est venu sur le site de Joussé mardi matin, rencontrer les délégués du personnel. Craignant pour leur avenir, les dix-sept chauffeurs de Duvivier avaient voté lundi matin la grève avant d’être rejoint par tout le personnel (...). Mais, mardi tout le monde a repris le travail.
Entre 8 et 10 h, les membres du comité d’entreprise, les délégués syndicaux et quatre chauffeurs ont été reçus par Michel Dousset. A l’issue de cette rencontre à laquelle ne participait pas Jean-Marie Duvivier présent dans les locaux de l’entreprise, Michel Dousset a jugé la réunion « très positive ». Avant de brièvement poursuivre : « J’ai avisé le personnel de ce qui risque d’arriver. Je viens pour diriger et faire en sorte qu’on ne connaisse pas d’autres moments comme ceux-là. Je reprends 122 personnes (sur les 173 de l’activité matelas NDLR) qui sans moi seraient au chômage. J’ai la responsabilité de ces personnes qui vont être reprises, pas des autres que je n’ai pas embauchées. Je ne ferai rien avant vendredi jour où je recevrai les gens qui ne seront pas repris...
Également présent à cette réunion, Joseph Rousseau, délégué CFDT juge le plan du repreneur toujours « inacceptable » mais reconnaît « qu’il faudra peut-être s’y plier et accepter le nombre de 122 reprises tout en faisant le maximum pour l’augmenter. C’est évidemment très frustrant mais quelle autre alternative existe-il ? Dans l’immédiat il n’y a pas d’autre solution. La partie de bras de fer est en faveur du repreneur d’autant plus qu’en ce moment nous n’avons pas d’atout car le carnet de commandes est très bas ». En tout cas pas question de se lancer dans un mouvement de grève assure le syndicaliste.
Angoisse jusqu'à vendredi
La plupart des employés ont observé un certain mutisme. Seule hypothèse souvent évoquée et reprise par le délégué syndical : « Les chauffeurs risquent de tous perdre leur emploi, car je ne crois pas aux possibilités de reprises dans d’autres branches évoquées par M. Dousset ». Chacun attend maintenant vendredi avec angoisse en redoutant l’annonce nominative des 51 licenciés de « Matelas Duvivier ».
Dans le petit village de Joussé (420 habitants), la décision du tribunal et ses conséquences sont sur toutes les lèvres. Au centre du bourg non loin du château qui domine le village, Lise Pasquet qui exploite l’hôtel-restaurant est inquiète. Les employés de Duvivier sont chez eux dans cet établissement pittoresque. « Les licenciements vont certainement engendrer un manque à gagner pour nous. Mais les répercussions vont être dramatiques pour tout commerce et même pour l’école » craint la jeune femme qui a tenu à marquer sa solidarité avec les employés en les approvisionnant en café pendant leur grève. Non loin de la cheminée qui crépite, elle scrute le tableau d'affichage du club de foot local avant de lancer « six joueurs de l’équipe travaillent là-bas, s’ils sont licenciés, c’en est fini du club ! ».,
Le maire de Joussé, Camille Savin qui s’est dit « sonné par cette affaire » n’a pas caché que son « village vivait des heures tourmentées. Pour le commerce et la vie du village ces licenciements sont une calamité. Mais la solution du repreneur est peut-être la moins mauvaise ».
Jean-Jacques Allevi
Photo : L'entreprise est reprise mais pas tout le personnel
le 24/05/2025 à 10:03
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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