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1604622/11/1995POITIERS

TRAVAIL : LE TEMPS DU MÉPRIS

Avalanche d’humiliations sur des salariés qui plient l’échine en attendant que l’orage passe. Certaines entreprises se distinguent aujourd’hui en voulant généraliser les mauvaises pratiques

A la fin septembre, la boulangerie Panagro, située dans la zone industrielle de la République, à Poitiers, fermait ses portes suite à une liquidation judiciaire. Les quinze employés l’apprenaient dans « La Nouvelle République », après une action commune au sein de la CGT, mais ils comprenaient du même coup la manière dont ils avaient été méprisés par leurs employeurs.

Un cas extrême qui n’est pourtant pas rare compte tenu de la faculté à plier l’échine qu’ont acquise les salariés de nombre d’entreprises, aujourd’hui. Le chômage, s’il fait perdre la dignité de ceux qui n’ont pas de travail, atteint aussi tous ceux qui sont au bord de cette grande marche du licenciement.

Menace incessante, insécurité, épée de Damoclès sans arrêt au-dessus de la tête, beaucoup de salariés ne montrent plus le punch qui caractérisait leurs aînés dans les années soixante-dix. Face à ce manque de combativité, certains employeurs, une minorité qui va grandissant, se croient tout permis et dépassent les bornes sans que rien ne filtre la plupart du temps.

Une espèce de loi du silence s’est instaurée, principalement dans des PME où le terrain est plus favorable (pas toutes, encore une fois), où les syndicats sont souvent peu voire pas du tout implantés et où on craint même de prendre une carte sous peine de licenciement !

Hôtellerie et transports

A la CGT, Gilbert Marteau intervient sur les dossiers délicats, souvent jusqu’aux prud’hommes. « Nous recevons nos adhérents, mais aussi tous ceux qui ont un différend avec leur employeur, mais la majorité des gens arrivent quand il n'y a quasiment plus rien à faire ».

Recrudescence de salaires impayés, heures supplémentaires non prises en compte, brimades quotidiennes, dépassements d’horaires dans des secteurs, comme l’hôtellerie ou les transports où les débordements pullulent, non respect des réglementations... et, au bout de la chaîne, le licenciement économique sont maintenant fréquents.

« Le licenciement économique avancé sans preuve est aujourd’hui l’abus le plus répété, insiste G Marteau, mais les tribunaux sanctionnent davantage ces temps-ci. Peut-être pour réfréner quelques ardeurs.

Avec là encore des points qu’on retrouve d’un dossier à l’autre. On licencie de préférence les anciens, des gens qui ont quinze, vingt ans d’ancienneté et le drame humain est d’autant plus grand avec toute la somme d’incompréhension qui s’y attache. Sans doute une telle attitude colle-t-elle avec le fait qu’un employé n’est rentable qu’entre 25 et 40 ans !

Et les cadres, parfois de haut niveau, ne sont même pas à l’abri du phénomène comme cet ingénieur d'expérience venu à la CGT, car licencié avec le motif suivant : suppression de poste. Point final en guise d’explication.

Laurent Bertagnolio

 

 

le 24/05/2025 à 13:13

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

droit, liberté, prud'hommes

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