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1605025/11/1995POITIERS

PLUS DE 13.000 MANIFESTANTS, DU JAMAIS VU

De plus en plus de mécontents
La grogne contre le plan de sauvegarde de la Sécu s’amplifie. Plus de treize mille manifestants ont défilé dans les rues de Poitiers, salariés et étudiants bras-dessus, bras-dessous

Jusqu’où le mouvement de protestation contre le plan Juppé ira-t-il ? Ils étaient dix mille le 10 octobre dernier, plus de treize mille hier. Les fonctionnaires, les salariés du privé et les étudiants. Tous unis pour crier leur ras-le-bol. La défense de la protection sociale comme mot d’ordre, les inquiétudes en filigrane. Dès 14 h, les premiers manifestants ont investi la place d’Armes. Provocation ? Les haut-parleurs diffusent à pleine puissance les nouvelles des valeurs financières en hausse sensible à l’ouverture. Si la bourse n’est pas morose, les salariés non plus. A se retrouver par milliers dans un même cortège, la joie l’emporte par KO sur les soucis. « Aujourd’hui, c’est un jour de fête, lâche un militant. On croit en l’avenir mais il ne passera pas par Juppé ».

Les banderoles restent en général plutôt sobres mais quelques-unes recherchent l’originalité. « L'an 2.000 marque le retour des seigneurs. Moi, salarié, je suis un gueux ! », peut-on lire sur l’une d’entre elles.

La CFTC prend la tête suivie par la FSU, l’UNSA, la CFDT et la CGT. La plupart des autres syndicats ont eux aussi appelé au rassemblement. Bien que n’ayant pas appelé officiellement à la manifestation, FO est représentée par quatre cents militants. Enfin deux mille étudiants et lycéens ferment la marche.

Souvenir, souvenir

Cette union n’est pas sans rappeler quelques souvenirs à certains. « Sauf qu’en 1968, on voulait moins de profs », précise un quinquagénaire devenu aujourd’hui… professeur. « A l’époque, on n’était pas pressé de travailler. La situation n’est plus du tout la même. On se bat pour notre pouvoir d’achat. Le gouvernement se fiche de nous. Il a entamé des consultations et il fait ses réformes par ordonnance. Il n’y a rien de plus antidémocratique ».

Pour les étudiants, il est logique de manifester pour défendre la Sécu. « Plus tard, on sera concerné, explique l’un d’eux. On en profite aussi pour parler de nos problèmes ». Et le chœur s’emballe. « Crédits d’urgence, égalité des chances ».

Dans les rangs des syndicats on se félicite de cette marche en commun. « Si ça va mal pour les actifs, alors pour les jeunes, c’est encore pire ».

Étudiants, salariés, la solidarité est de mise. Quelques-uns vont même jusqu’à entamer quelques pas de danse.

Roland Morel, le secrétaire général de la FSU est ravi. On se félicite de cette unité. J’espère maintenant qu’il y aura des prolongements.

A 16 h 30, la manifestation atterrit devant la préfecture. Au micro, un représentant de la CGT assure que « cette journée fera date. Il est grand temps de remettre le monde à l’endroit. Il faut arrêter d’investir dans la bombe et dans la mort. Il faut agir pour le progrès social, la démocratie et la paix ».

Devant lui, s’agite un poster représentant Alain Juppé en Super Picsou géant, un aspirateur à la main, occupé à ramasser des millions de francs qui s’étalent devant lui.

Henri Brissot

Photo : « Cette journée fera date » prédisent les syndicalistes

 

 

le 26/05/2025 à 09:33

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

sécurité sociale, manifestation, unité, étudiant

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