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1606329/11/1995POITIERS

LE TRAFIC FERROVIAIRE TOTALEMENT PARALYSÉ

A une écrasante majorité, les cheminots ont voté hier matin pour la reconduction de la grève. La gare de Poitiers n’a plus vu un seul train depuis lundi 11 h.

Privés de salle de réunion, les cheminots ont tenu leur assemblée générale hier matin dans le hall d’accueil de la gare de Poitiers. Parmi eux, des adhérents de la CGT, de la CFDT, du syndicat autonome des roulants mais aussi des non syndiqués.

A l’issue d’un scrutin à bulletins secrets, le personnel s’est prononcé à une très large majorité pour la reconduction de la grève. Sur 163 votants, 154 ont voté pour, 7 contre et deux se sont abstenus.

Les cheminots qui entament leur cinquième jour de grève semblent plus décidés que jamais. « On est parti pour durer plus longtemps qu’en 1986 », (NDLR la grève avait duré 26 jours) assure l’un d’eux. « Il s’agissait alors des grilles de rémunération. Cette fois, c’est un véritable enjeu de société ». Optimistes, les anciens rappellent qu'en 1953, le gouvernement avait dû faire marche arrière après trois mois de paralysie du trafic ferroviaire. « Juppé, lui aussi, finira par céder » assurent-ils.

Les syndicats refusent catégoriquement que l’on touche à la durée des cotisations du personnel ainsi qu’au calcul des pensions. Ils demandent la renégociation du contrat plan liant la SNCF à l’État, s’inquiètent de la mise en application des directives européennes et redoutent une privatisation larvée de l’entreprise. Ils citent en exemple la filialisation du SERNAM et celle de la branche télécom.

Selon eux, l’entreprise risque le dépeçage. Loin de se considérer comme des privilégiés, ils rappellent que la retraite à 50 ans avait été gagnée de haute lutte. « On s’attaque à ceux qui ont conquis de belles choses. Mais ce n’est pas de notre faute si l’on assiste à la déliquescence des conventions d’entreprises.

« Il faut bien se défendre »

Depuis hier matin, plus aucun train n’est entré en gare de Poitiers ni n’en est parti. Mais si les roulants se montrent intransigeants, beaucoup de ceux que l’on nomme les sédentaires continuent à travailler. Résultat, aux guichets, on délivre toujours des billets.

« Nous ne sommes pas là pour gêner les usagers, assurent les cheminots. C’est malheureux, mais il faut bien se défendre ». Certains voyageurs ne leur donnent d’ailleurs pas tort. « Une grève avec des trains, ce n’est pas une grève » concède un professeur de musique qui devait se rendre à Paris. « Même si ça peut agacer, ils ont raison de se battre pour le service public. Je pensais que la grève s’arrêterait et je suis revenue à Poitiers pour le week-end. Maintenant, il va falloir que l’on me trouve une remplaçante en attendant que les trains circulent à nouveau.

Les cheminots tiendront ce matin une assemblée générale pour décider ou non de la suite de leur mouvement. Il est peu probable qu’ils votent pour la reprise du travail.

Henri Brissot

Photo : Les cheminots qui déclarent se battre pour « un véritable enjeu de société » semblent plus que jamais décidés à maintenir la pression sur le gouvernement

 

 

le 26/05/2025 à 11:49

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

grève, assemblée

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