1607601/12/1995POITIERS
Plus de 7.000 manifestants ont défilé hier dans les rues de Poitiers. Partis de deux points distincts, étudiants et salariés se sont regroupés
Les étudiants n’ont pas raté leur manifestation. Partis à seulement quelques centaines du campus universitaire, ils se sont retrouvés à près de 7.000 sur la place d’Armes en début d’après-midi. Les salariés, rassemblés au même moment à l’appel de la CGT devant la préfecture, n’ont pas tardé à les rejoindre.
Mais, à la différence du précédent mouvement de contestation, ce sont les jeunes qui ont pris la tête du cortège.
« Vous en avez marre de la misère ? Nous aussi. Bayrou ! Fais que ce soit la dernière ».
Une large banderole poussée par un rouleau compresseur d’étudiants s’avance en direction de la porte de Paris. Les répétitions de slogans portent leurs fruits. « IUT Châtellerault, pas d’argent, pas d’avenir », « IUFM, on veut finir l’année », « Sans argent, sans voie d’issue », « IUT délaissé, on en a assez », « Solidarité sociale contre la misère ». Le traditionnel « Bayrou, t’es foutu, les étudiants sont dans la rue » est repris avec enthousiasme. Parmi les mécontents, des étudiants de lettres et langues, de sciences, des IUT de Châtellerault et Poitiers, de l’IUFM et des lycéens de Camille-Guérin, Aliénor-d'Aquitaine et des Feuillants.
Les salariés solidaires
Une centaine d’enseignants arrivent ensuite. Isolés à l’arrière, les salariés ne semblent pas contrits de se faire voler la vedette. EDF-GDF, Civaux, les hospitaliers et les cheminots forment le gros du bataillon. Mais quelques postiers sont également présents. « C’est primordial d’être avec les étudiants » lance l’un d’eux. « On lutte ensemble contre le désengagement de l’État ». Ils sont nombreux à partager le même avis. « Plus on sera, plus le gouvernement comprendra qu’il doit reculer ». Quelques-uns remontent même les rangs pour pactiser avec les étudiants.
Les résolutions Borotra et Vernier sont au centre des attaques des salariés. Pour eux, elles représentent un premier pas vers la privatisation. Les déclarations apaisantes du gouvernement ne les ont pas du tout réconfortés. « Les élus considèrent qu’ils ont le droit de décider à notre place, regrette un syndicaliste. Il faut qu’ils redescendent sur terre et qu’ils se reconnectent à la réalité.
Arrivés à la porte de Paris, les manifestants bloquent un instant tous les accès avant de s’élancer vers la gare puis de remonter vers la préfecture. « C’est un immense succès, se réjouit un étudiant. Je crois que l’on vient de prouver que notre mouvement est réellement sérieux. Il y en a qui défilent aujourd’hui et qui ont voté Chirac. Le gouvernement doit le comprendre.
Avant la dislocation, les étudiants entonnent des derniers chants. « Tous ensemble, tous ensemble ». De plus en plus décidés à faire aboutir leurs revendications, ils réfléchissent déjà à leurs futures actions.
Henri Brissot
RÉCONCILIATION ? - Le discours de Francis Martin, secrétaire départemental de la CGT, a été attentivement écouté par son homologue de F.O, Alain Barreau. « Je voulais le retrouver mais je l’ai perdu de vue dans la foule » a ensuite expliqué Francis Martin. « La situation est trop grave pour que l’on se chamaille. Il faut plus que jamais être uni ». Si la poignée de main entre les deux hommes n’a pu se concrétiser, ce n'est apparemment que partie remise.
EDF-GDF - FO et la CGT sont main dans la main à EDF-GDF. Ensemble, ils rejettent fermement toute démarche vers la privatisation. « En Angleterre, le courant a augmenté de 50 % après la privatisation. Nous, on assure une mission de service public. Une entreprise privée n’aura jamais les mêmes préoccupations a notamment déclaré un syndicaliste.
POSTE. Quelques postiers ont participé au rassemblement mais la plupart restent hostiles à la grève. Une assemblée, générale a eu lieu très tard dans la soirée.
CFA – 65 % du personnel du CFA Bâtiments de Poitiers-Saint-Benoît est en grève. Les salariés demandent l’ouverture immédiate de réelles négociations salariales « interrompues depuis treize ans ».
APPEL DE FO - Le syndicat Force ouvrière des employés du centre hospitalier Henri-Laborit appelle la CGT à une assemblée générale de tous les personnels le mardi 5 décembre.
Photos : Des cheminots qui incendient des traverses, des étudiants la maquette de leur université, la manifestation a démarré sur les chapeaux de roues - Les étudiants ont fait, hier, la démonstration de la puissance de leur mobilisation
le 26/05/2025 à 12:37
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
grève, manifestation, unité, électricité, poste, hospitalier
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org