1611713/12/1995POITIERS
Toujours plus de manifestants dans les rues de Poitiers contre le plan Juppé. Ils étaient environ 20.000 hier à défiler au rythme des slogans
Il n’y a pas de fumée sans cheminot. Depuis le début du mouvement social, ce sont eux qui ouvrent chaque défilé de protestation, torches enflammées en main. Hier, ils ont fait fort avec ces feux de bengale improvisés, imposant un brouillard épais place Leclerc. Un sacré défilé que celui de ce mardi de plus en plus unitaire, rassemblant 25.000 personnes selon les organisations syndicales, 5.000 selon la police.
Un mois après la première manifestation qui a rassemblé 10.000 Poitevins, la mobilisation s’est amplifiée. Hier, ils étaient environ 20.000 à manifester à l’appel des grandes centrales syndicales. Encore plus que jeudi dernier car l’unanimité contre le plan Juppé sur la protection sociale, s’étend maintenant à d’autres revendications. Ainsi le groupe de France Télécom manifeste contre le projet de privatisation, d’autres pour le relèvement des salaires, les commerçants de la rue Saint-Cyprien à Poitiers « contre les charges trop lourdes ».
Ils sont tous là : les salariés de la fonction publique, ceux du privé avec Michelin, Schlumberger, Gorcy de Mirebeau, les entreprises de la centrale de Civaux. Les enseignants, ceux du canton de La Villedieu avec leur pancarte, les étudiants de Poitiers et Châtellerault, l’IUFM, les lycées et collèges de Poitiers, ceux de Lencloître, la communauté de communes de Civray, etc.
Au départ de la manifestation place de la gare, les lanceurs de pétards ont déjà le bras bien échauffé et la chorale « Chantons liberté » peine à faire entendre son « Chant des partisans ». On colle son badge syndical au revers, on cherche son groupe. Une véritable ambiance de fête. Avec banderoles, slogans, chants, musique, tambours, pétards, sifflets, trompettes. La sono de FO fait un tabac avec ses tambours, la CGT n’est pas en reste avec son Père Noël qui tape sur son bidon. Un couple en homme sandwich affiche côté face « Chichi, c’est la compote » et côté pile « On n’est pas des pommes »,
Les pancartes rivalisent d’invention : « Juppé joue les marchands de sable, ne nous laissons pas endormir », « Fourberie au printemps, jacquerie en automne », « Pour renflouer la Sécu, taxons les mensonges des tartuffes », « Juppé t’es râpé, on n’est pas fatigué », « C’est Noël Juppé, faut que tu prennes une bûche ».
La place Leclerc est déjà envahie que la fin du défilé n’est pas encore arrivée. Petit ennui technique pour le discours commun que prononce le secrétaire de l’Union départementale CGT. La sono du syndicat montre des faiblesses. Il se rabat sur celle de FO. C’est ça l’unité !
Odile Moniot
Un incident déplorable a émaillé le départ de la manifestation. Le doux original qui défile en tête depuis quelques manifestations, avec son affiche de Neil Young, a été violemment mis à l’écart par deux manifestants.
Photo : Un défilé de plus en plus long mais aussi de plus en plus unitaire
le 29/05/2025 à 16:43
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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