1613415/12/1995POITIERS
Pour la première pierre du satellite cœur-poumons, les grévistes ont défendu l’hôpital public sous la neige. Et fait la razzia dans le buffet des personnalités.
Un vrai froid à ne pas mettre un manifestant dehors hier matin ! Ils étaient pourtant près de deux cents à sauter d’un pied sur l’autre à l’appel de la FSU, de la CGT et de FO. Dans un premier temps pour se réchauffer, dans un second pour manifester leur opposition au plan Juppé. A moins que la deuxième raison ne soit la première….
« Les p'tits fours et le vouvray sont pour le préfet, le steak haché et la blanquette de veau pour le personnel ! ». Côté manifestant venus montrer leur opposition au plan Juppé pour cette pose de première pierre du satellite coeur-poumons au CHU, on ne s’attardait pourtant pas à ces « broutilles » pour regarder le fond du problème. Ce type de cérémonie n’est que poudre aux yeux ; ne nous y trompons pas.
Et pourtant, le site de Beauchant sera demain un pôle cardio-thoracique de tout premier plan au sein du CHU de Poitiers (voir par ailleurs) mais compte tenu de la morosité ambiante, les discours évoquant la modernisation et la meilleure adaptation du service public n’étaient guère entendus.
Pas audible non plus car les huées et les sifflets se chargeaient de couvrir des paroles qui n’avaient plus rien d’officiel de la part du préfet, Yves Mansillon, Jacques Santrot, président du conseil d'administration du CHU et Daniel Moinard, directeur général de l’établissement.
Même le muret construit pour recevoir la première pierre symbolique portait : « Retrait du plan Juppé », comme les palissades du chantier qui démarre et verra la réalisation d’un bâtiment de deux niveaux d’une surface totale de 3.200 m2.
Le directeur général, Daniel Moinard, a bien essayé d’expliquer la chose sous la neige matinale après que le préfet ait reçu une délégation des trois syndicats, mais rien n’y fit. « Et les postes ? lançaient les manifestant tandis que le directeur ne pouvait qu’affirmer qu’« il ne faut pas mélanger les problèmes ».
Alain Barreau, de FO, mais en accord avec la CGT et la FSU, réclamait bien deux minutes de silence mais s’entendait répliquer un « Noooon aussi catégorique qu’unanime tandis qu’on réclamait en chœur une « Sécu en béton » à l’adresse du représentant de l’État, la truelle à la main. Un adjoint au maire, côté manifestants mais un brin démago voulait bien calmer le jeu en affirmant que c’était aussi « la première pierre des infirmières et des cheminots » mais les sifflets stridents coupaient la chique à tout le monde.
La première pierre posée dans une grande ambiance et aussitôt descellée pour être mise à l’abri, l’ensemble du cortège se repliait au chaud dans la salle du conseil d’administration où les petits fours étaient servis. Un buffet qui tombait à point nommé pour réconforter les manifestants sous l’œil des chefs de services attentifs à d’éventuels nouveaux discours.
Daniel Moinard tentait d’ouvrir le feu mais stoppait vite : « Je constate que vos responsables sont débordés et ne sont même pas écoutés ». Applaudissement aux premiers rangs, nouvelles huées dans le fond et l’officiel de cérémonie s’arrêtait là tandis que les personnalités dégageaient en touche dans une petite salle pour recevoir les journalistes
Laurent Bertagnolio
Photo : Pose de première pierre mouvementée jeudi matin au C.H.U. Les personnels manifestaient
le 30/05/2025 à 17:47
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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