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1613818/12/1995POITIERS

PAS DE RÉPIT POUR LA MANIF

Moins nombreux que mardi (environ 15.000 selon les organisateurs, 3.000 selon la police), les opposants au plan Juppé étaient toujours aussi déterminés, samedi, dans les rues de Poitiers

“Les hommes sont fatigués. Santa Maria, veillez sur nous. Protégez-nous » chante la sono de Force ouvrière devant des militants (1) qui se rassemblent doucement en ce samedi matin pluvieux, Porte de Ville. Fatigués, les manifestants ? Sans doute, un peu. Mais toujours aussi déterminés.

FO, bidon-tambour en tête, ouvre la marche. Un militant chauffe la rue en criant « Retrait du plan Juppé ». Le slogan s’égare entre deux rangées de mécontents. Le cortège s’empare enfin du boulevard Pont-Achard. « Juppé joue le marchand de sable. Ne nous laissons pas endormir », brandit un enseignant dont les compagnons de marche sont fort nombreux. Le défilé se réveille au son des sirènes hurlantes des pompiers debout à côté de leur camion. Applaudissements. Les ballons multicolores, les drapeaux des syndicats les saluent au passage.

« La Sécu elle est à nous, on s’est battu pour la gagner. On se battra pour la garder ! ». Les slogans passent de bouche en bouche, rebondissent dans la foule qui retrouve définitivement son tonus en entraînant avec elle les cheminots victorieux, regroupés devant la gare. Le cortège se gonfle de nouvelles recrues (3.000 participants selon la police, plus de 15.000 selon les organisateurs). Les chômeurs, postiers, le personnel des hôpitaux, les agents de l’Équipement, les étudiants sont dans la rue, sous les parapluies. (Manquent toujours à l’appel les salariés du secteur privé sauf ceux du chantier de Civaux.) Les marcheurs zigzaguent dans le centre-ville frigorifié et déferlent en une immense vague sur la place d’Armes, noyée sous les feux de bengale.

Au nom de tous les organisateurs de la manifestation, Roland Maurel (FSU) prend la parole dans le brouillard. Il souligne que des milliers de Poitevins se sont à nouveau retrouvés pour exiger le retrait du plan Juppé et l’ouverture immédiate des négociations. Il dit que les luttes qui ont été menées jusqu'à présent ont commencé à faire céder le Premier ministre et son gouvernement. « Mais que ceux-ci persistent dans leur volonté de faire passer en force et d’imposer la remise en cause de ce qui a été acquis et construit par des générations de salariés depuis 1945 ».

Rappelant aux manifestants que « Juppé veut appliquer son plan dès le 1er janvier 1996 », il les exhorte à rester « mobilisés, déterminés et combatifs ». Mais c’est la pluie qui va jouer les trouble-fête en dispersant les protestataires, avant l’heure.

M-C Bernard

(1) La manifestation de samedi avait été organisée par la CGT, FO, la FSU, le SGEN-CFDT, SUD, la FDSU, le MODEF, AC.

 

Photo : La mobilisation était au rendez-vous malgré la pluie

 

 

le 30/05/2025 à 18:09

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

sécurité sociale, manifestation, unité

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