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1633813/08/1996LOUDUN

LE CHAMPIGNON EN CRISE

Les champignonnières Leroy en dépôt de bilan. Privés de matières premières, les salariés bloquent la Coopérative du Lac à Roiffé.

Une illustration des limites du système coopératif mis en place par les champignonnistes a trouvé hier son application à la Coopérative du Lac à Roiffé, coopérative qui produit du compost ensemencé à destination des sites de production de sept producteurs. Chaque semaine, en effet. 4.200 caisses contenant du compost sont dirigées vers les sites de production et ce au cours de rotations (environ 100 par semaine), des camions remorques de deux sociétés, les établissements Vrain et Cousseau.

Hier matin vers 7 h 30, les salariés de la SA Leroy qui exploite deux caves à Montsoreau et Dampierre dans le Maine-et-Loire ont bloqué l’accès de la Coopérative du Lac à Roiffé, ce qui interdisait toute entrée et toute sortie de camions.

La raison ? La SA Leroy a déposé son bilan le 29 juillet. Elle bénéficie d’une période d’observation de six mois pour redresser la situation. Par délégation de créances, dans le cadre de la Coopérative du Lac, tout comme dans la CAC de Beaufort-en-Vallée qui traite le champignon après production pour la mise en conserve, la SA Leroy se trouve aujourd’hui privée de ressources. La CACS bloque les sommes à l’intention de la Coopérative du Lac jusqu’au recouvrement de la dette, environ 3.800.000 F avec les en cours. La production devrait donc s’arrêter fin août, puisque la Coopérative du Lac ne fournit plus de caisses.

La SA Leroy compte quatre-vingt-neuf salariés sur les deux sites, provenant du Saumurois en majorité pour la cave de Dampierre et pour plus de moitié de la Vienne pour la cave de Montsoreau, vingt salariés étant originaires de Roiffé.

Le blocage de la situation

Hier matin donc, vers 7 h 30, les salariés des deux sites de la SA Leroy se sont retrouvés à l’entrée de la Coopérative du Lac pour en condamner l’accès et ce d’une façon toute pacifique. Les camions remorques n’avaient effectué alors qu’une rotation. Les salariés exigeaient la livraison de caisses pour leurs caves. La situation est restée telle toute la matinée.

Cinq membres du comité d’entreprise ainsi que le PDG, Jean-Yves Leroy, ont été reçus par Emmanuel Lepidi, PDG de la Coopérative du Lac, et Laurent Segerra, administrateur.

Un représentant de la CFDT venant même se joindre à la délégation du comité d’entreprise par la suite, car les salariés de la SA Leroy ne sont pas organisés.

Les responsables de la Coopérative du Lac campaient sur leur position. Ils nous déclaraient : « La Coopérative du Lac a été créée (par M. Leroy en personne) pour diminuer les coûts de revient, elle ne peut plus livrer, elle a déjà fait beaucoup d’efforts pour la SA Leroy. Elle ne peut pas se permettre d’aller plus loin et n’est pas responsable de ce qui se passe ».

M. Leroy, quant à lui, remettait en cause ce système coopératif et devait consulter ses conseillers juridiques dès hier après-midi, demandant à son personnel de lever le camp et d’attendre ce matin 7 h où il les mettra au courant de la situation. Il préféra jouer la souplesse alors que les responsables de la Coopérative du Lac envisageaient de faire appel à la gendarmerie. Le capitaine Chabrout, commandant la compagnie de Châtellerault, s’est d’ailleurs rendu sur les lieux ainsi que M. Fillon, maire de Roiffé.

Bien sûr nous allons suivre de très près cette situation car le sort de quatre-vingt-neuf salariés est en jeu et parce que les prochains jours vont être déterminants pour leur avenir.

Photo : Les caisses de compost n'ont pu être livrées hier

 

 

le 24/06/2025 à 11:32

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

agro-alimentaire, champignon, grève, blocage, coopérative

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