0162927/10/1929CHATELLERAULT
LES SALAIRES DES OUVRIERS DE LA MANUFACTURE D’ARMES
Un mouvement de grève d’une 1/2 heure.
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Lorsque dans la journée de mercredi les particularités du nouveau bordereau des salaires furent connues, les ouvriers de la Manufacture d’Armes, loin d’être satisfaits, se montrèrent au contraire fort mécontents.
Les administrateurs du syndicat ouvrier décidèrent d’entreprendre immédiatement des actions de protestation.
Dans ce but ils réunirent, en assemblée générale, le personnel manuel de l’établissement et firent adopter par l’assistance l’accomplissement d’un mouvement de grève d’une demi-heure ayant lieu à l’intérieur de la Manufacture.
Ce mouvement a été effectué hier matin sans incident.
Voici d’ailleurs la note que nous a communiquée, hier après-midi, le bureau du syndicat des ouvriers de la Manufacture d’Armes :
L’action du syndicat des ouvriers de la manufacture national d’armes pour l’obtention du salaire national
A la suite de la parution, le mercredi 23 courant, du nouveau bordereau des salaires applicable à partir du 1er mai 1929, une assemblée générale extraordinaire a été convoquée le soir même, à 18 heures, salle Daugy, afin d’étudier dans le détails les avantages nouveaux que contenait le dit bordereau.
Après la lecture des pièces officielles en notre possession et les explications données par notre camarade Poirier, secrétaire du syndicat, il est nettement apparu que le bordereau étant pour l’ensemble des ouvriers et ouvrières une nouvelle désillusion.
En effet les taux dérisoires d’augmentation se passent de tous commentaires puisqu’il s’agit d’une augmentation moyenne de 0 fr. 35 de l’heure pour les ouvriers professionnels, de 0 fr. 25 pour les non professionnels et de 0 fr. 20 pour les ouvrières.
Devant cette triste situation et après l’intervention de notre camarade Giraudeau faisant ressortir que le nouveau bordereau ne répondait nullement aux besoins, toujours plus grands des travailleurs ; que de plus il était impossible de considérer le bordereau comme une étape vers le salaire national ; puisque non seulement la situation des travailleurs des établissements de la guerre ne s’en trouvait pas améliorée par rapport aux fonctionnaires et aux autres catégories de travailleurs de l’État bénéficiant d’un salaire national, mais qu’au contraire les écarts de salaires qui existaient hier, entre ces diverses catégories de travailleurs de l’état étaient maintenant plus grands.
Il fut dès lors décidé qu’une grève de protestation aurait lieu dans l’établissement et le conseil syndical reçut la mandat de déclencher le mouvement le jour et à l’heure qu’il jugerait opportun.
Le conseil syndical lança un mot d’ordre de grève vendredi matin de 7 h. 30 à 8 heures. 90 pour cent du personnel répondit à son appel, ce qui prouve, d’une part, que la ligne de conduite suivie par l’organisation est juste et que, d’autre part, un mécontentement profond existe chez nos camarades ; mécontentement qui, nous l’espérons portera ses fruits et rendra les travailleurs de plus en plus combatifs pour la défense de leurs revendications et pour la lutte incessante à mener pour l’obtention du salaire national.
A la suite du mouvement nos camarades Poitiers et Giraudeau furent reçus par le Directeur à qui, sur sa demande, ils exposèrent les raisons qui avaient motivé le mot d’ordre de cessation du travail décidé par l’assemblée générale. En conclusion du mouvement un ordre du jour de protestation contre les taux d’augmentation dérisoires accordés aux ouvriers et ouvrières de l’établissement et pour l’obtention du salaire national, sera adressé au Ministre de la Guerre, à la Fédération Nationale des Travailleurs de l’État et aux parlementaires.
le 10/06/2020 à 17:39
Source : L'Avenir de la Vienne
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