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1648802/12/1996CHAUVIGNY

APILCO : “TROIS ANS POUR GAGNER”

Pour Yves Deshoulières, P-DG de l’entreprise de porcelaine chauvinoise, la “modulation du temps de travail” va permettre à Apilco de démontrer qu’une « industrie de main-d’œuvre peut vivre en France”, malgré la mondialisation.

La direction de l’entreprise Deshoulières-Apilco et la CFDT ont signé, la semaine dernière, un accord de « modulation du temps de travail », selon la loi de Robien. La préparation de cet accord a provoqué, depuis le début de l’année, une vive effervescence syndicale au sein de l’entreprise. CFDT, favorable à l’accord, et CGT, qui y était opposée, se sont affrontées verbalement à de multiples reprises. La “NR” s’est faite l’écho du débat. Mais la direction de l’entreprise, où travaillent 350 personnes, n’avait pas donné publiquement son point de vue.

Maintenant que l’accord est signé et que les esprits se sont plus ou moins calmés. M. Yves Deshoulières, P-DG, rappelle d’abord que « Deshoulières-Apilco demeure un des leaders de la porcelaine française et que l’entreprise se défend encore très bien. Il ne faudrait pas que les onze mois de débats que nous venons de vivre occultent cette réalité et entament notre image ».

La mondialisation a contraint l’entreprise à évoluer : « Nous avons dû améliorer notre productivité. C’est pourquoi, en 1995, nous avons fait d’importants investissements (conception assistée par ordinateur, machines à couler, machine à décorer). Jadis, dans un marché en expansion, les investissements ne nuisaient pas à l’emploi. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Alors, pour bien gérer, le choix est simple : soit on diminue les effectifs, soit on répartit le travail entre tous.

Travail et... salaire

« L’arrivée de la loi de Robien m’a apporté la solution », précise M. Deshoulières. Il reconnaît que la position de son entreprise, dans ce choix, a été défensive. « Mais le partage du travail ne doit pas faire croire qu’on peut gagner autant en travaillant moins. Nous avons pris l’engagement de maintenir l’effectif pendant trois ans. La loi interdit les licenciements économiques pendant cette période. Cela ne veut pas dire qu’on doit garder les gens qui ne font rien.

Le contrat de modulation du temps de travail adopté chez Deshoulières réduit l’horaire hebdomadaire à 35 heures en moyenne, payées 36. « Il fallait que l’entreprise, en cas de grosse commande ou de période chargée, puisse revenir à un horaire plus important que ces 35 heures. D’où cet accord de modulation qui permet d’adapter le temps de travail à la charge de l'entreprise. Aujourd’hui, Apilco s’est donnée un atout pour assurer les trois ans à venir. Nous devons démontrer qu’avec un important allégement des charges sociales, une industrie de main-d’œuvre peut vivre en France. J’attends des signes positifs concluants dès la fin 1997 ».

Même s’il affirme s’être bien gardé d’intervenir dans la dispute syndicale de ces derniers mois, Yves Deshoulières se réjouit que « la CFDT ait soutenu notre plan qui est un pari sur l’évolution des rapports sociaux. La CGT a préféré camper sur ses positions passéistes de refus ».

M. Deshoulières vient d’être reconduit pour deux ans à la présidence de la Fédération européenne de la porcelaine et de la faïence, qui représente 80.000 emplois. Il reconnaît que « toute la profession subit l’effet des importations des pays de l’Est européen et d’Asie. Elle souffre aussi de la technique du “sans stock” imposée par les banques aux revendeurs ; les délais entre commande et livraison sont réduits à rien. Le chiffre d’affaires 1996, dans ces conditions, accuse une baisse globale ».

J-L R

 

 

le 11/07/2025 à 11:21

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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