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1652515/01/1997POITIERS

DÉFENDRE LES GENS MALGRÉ EUX

Un délégué CGT s’oppose à sa direction pour contrer le travail de nuit d’une femme qui est d’accord avec la formule

L’histoire pourrait s’intituler « comment défendre les gens malgré eux », si elle n’était toutefois pas entachée d’un passé bien lourd à porter. D’un côté, Patrick Chatet, délégué CGT chez Aubin Imprimeur, et de l’autre, Philippe Aubin, patron de l’imprimerie qu’il n’est plus besoin de présenter.

Entre eux, un vieux contentieux qui avait connu quelques étincelles en 1989 dont un épisode plutôt gazeux et fort lacrymogène devant le palais de justice de Poitiers. A l’époque, une procédure de licenciement de l’employeur vis-à-vis du délégué CGT n’avait pu aboutir et depuis, on peut dire sans se tromper, qu’une haine, cordiale peut-être, mais en tout cas farouche, oppose les deux hommes.

Ces tout derniers temps, le syndicat CGT de l’entreprise apprend que la direction projette de faire travailler une femme de nuit moyennant une promotion. Avant d’intervenir officiellement auprès de la direction, le délégué CGT cherche à en savoir plus pour éclairer sa lanterne et décider des actions qui, selon lui, s’imposent. Voilà la version du syndicat qui ajoute : « On n’admet pas que, sous couvert de volontariat, on mette le doigt dans l’engrenage ». A l’Union départementale CGT, on affirme même que « sur ces questions de liberté, on ne laissera pas passer et nous apportons notre soutien ».

Sur ce, Patrick Chatet aurait été convoqué pour avoir fait pression sur quelqu’un qui est... volontaire. Car c’est bien là que ça coince : la femme en question est d’accord pour travailler la nuit. Le délégué CGT se voit alors infliger trois jours de mise à pied pour « pression auprès des salariés tendant à limiter leur liberté de choix et d’opinion ».

Comme quoi, la liberté peut être différente selon la fenêtre d’où on la regarde et qu'il n’est pas forcément aisé de défendre quelqu’un qui ne veut pas être défendu. Côté Aubin Imprimeur, on souligne que « pour des raisons disciplinaires, la direction a été amenée à sanctionner d’une mise à pied un salarié et que celui-ci, délégué syndical, utilise cette qualité pour médiatiser une affaire strictement personnelle qui ne le mérite pas ». Précision est donnée que « les faits qui ont motivé la sanction relèvent du droit disciplinaire applicable à n’importe quel salarié ».

A l’heure actuelle, le conseil des prud'hommes est saisi de ce nouveau dossier Chatet-Aubin par le premier cité (conciliation prévue le 12 février) pour une affaire personnelle qui n’en est vraiment plus une !

Laurent Bertagnolio

 

 

le 12/07/2025 à 13:57

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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